FÉCAMP-FESTIF - Les Grands Événements
Page créée le 14 novembre 2015 - modifiée le 30 mars 2017, le 30 octobre 2018
 
     Journal de Rouen : 23 février 1908

     Inaugurations : Nous apprenons que M. Doumergue, ministre de l’instruction publique, viendra à Fécamp, le 29 mars prochain, pour présider l’inauguration des établissements secondaires de notre ville et des nouveaux locaux de l’école primaire de garçons du quartier-du-Port.

Journal de Rouen du 23 .02.1908 - Archives départementales de la Seine-Maritime     
 
        Ce sera finalement avec une semaine d’avance, le 22 mars qu’Adolphe Maujan procédera à ces inaugurations, 
    Journal de Rouen :23 mars 1908 :
 
Le Voyage de M. Maujan dans la Seine-Inférieure.

     M. Maujan, sous-secrétaire d’État au ministère de l’intérieur, est venu hier à Yvetot et à Fécamp. En l’espace de moins de 10 heures, il a successivement inauguré dans ces deux villes, une école de filles, un lycée de garçons, un collège de jeunes-filles, une école communale de garçons, posé la première pierre des agrandissements d’un hospice, présidé deux banquets officiels, etc.
 

       À FÉCAMP – L’Arrivée du Ministre :

      Deux heures et demie de l’après-midi. La pluie tombe à torrents et c’est tant mieux, car, depuis le matin, un vent violent de sud-ouest, en soulevant des nuages de poussière, rendait intolérable la circulation dans les rues.

     Autour de l’Hôtel-de-Ville de Fécamp, un public, assez clairsemé, mais stoïque sous les averses, regarde s’engouffrer sous la grande porte : les pompiers en grande tenue, la société de gymnastique et des tas de gens en habit noir, cravate blanche et chapeau haut de forme, que la visite de M. Maujan oblige à déroger à leurs douces flâneries dominicales.

     Gendarmes, commissaires de police, agents assurent un service d’ordre que facilite la sagesse de la population fécampoise et aussi pour une très grande part, le temps épouvantable qu’il fait. Trois heures dix ! Un coup de clairon vient de résonner. Garde à vô ! les pompiers rectifient les positions, les gymnastes s’alignent. Cris dans la foule : le voilà ! le voilà !
 

      Pouah ! Pouhah ! Pouhah ! couverte de boue, telle une voiture de la course New-York-Paris, donnant de la trompe, pendant que la musique du 129ème de ligne attaque la Marseillaise, l’automobile ministérielle apparait. Derrière ses vitres embuées, vaguement on distingue des chapeaux hauts de forme, mais dire lequel appartient au sous-secrétaire d’État est impossible.

      Le chauffeur, après un virage savant, arrête sa voiture devant le perron de l’hôtel-de-Ville. M. Maille en descend le premier. “Vive le ministre !” crie quelqu’un. Le député d’Elbeuf un moment épaté, prend le parti de sourire et fait signe qu’on se trompe.

       Sans ordre protocolaire, les occupants de l’automobile de M. le sous-secrétaire d’État s’engouffrent sous le péristyle de la maison commune. Au petit bonheur, nous reconnaissons M. de Folleville, M. Maujan, M. Fosse, M. Lefort, M. Duglé. Avec M.Maille, cela fait six voyageurs dans cette berline, qui ont dû faire ce voyage d’une heure encaqués comme des harengs ! Aussi tous paraissent-ils heureux de se dégourdir un peu les jambes !

Vivement, M. Duglé, maire de Fécamp, emmène tout le monde dans son cabinet. 

 

Les Réceptions :

      Au grand complet, le Conseil municipal est introduit. Présentation du maire, speech de M. Maujan qui félicite les édiles fécampois de faire partie du véritable “bloc de gauche”. Puis comme si on lui faisait visiter un musée, on entraine M. Maujan dans des salles où, sous des étiquettes blanches, de braves gens sont rangés.

     Ce sont tous les corps constitués qu’on a massés là, depuis les délégués cantonaux et les maires du canton, jusqu’au syndicat des inscrits maritimes, des bouchers et des boulangers en passant par la chambre de commerce, les ingénieurs des ponts et chaussées, les officiers de réserve etc.

M. Maujan serre des mains, place à droite et à gauche des mots aimables et, finalement stoppe dans la grande salle de l’Hôtel-de-Ville.

     Son sous-chef de cabinet, M. Lehoc, dont les poches sont bourrées de parchemins, tend une liste à M. Maujan. Silence religieux. Attente générale. On entend battre certains cœurs à coups précipités, quand le sous-secrétaire annonce “qu’au nom du gouvernement de la République il décerne des récompenses aux personnes suivantes”:

          Officier d’instruction publique :

           M. Levarey, bâtonnier de l’ordre des avocats au barreau du Havre, ancien président de l’association des anciens élèves du Lycée du havre.

 

        Officiers d’Académie :

MM.  Hettier, délégué cantonal, aux Loges.

Moulin, conseiller municipal à Fécamp.

Lançon, délégué cantonal à Saint-Romain de Colbosc.

Neveu, délégué cantonal à Goderville

Roussel, maître d’armes au Havre

Lefebvre, instituteur à la Fresnaye.

Melle Jumel, directrice d’école à Fécamp

Melle Mengat, professeur au collège de filles à Fécamp.

 

        Chevaliers du Mérite agricole :

MM.  François Porrée, à Fécamp.

Lange, adjoint au maire de Froberville.

 

         Médaille d’honneur de la marine :

MM.  Masse, matelot à Fécamp

Caron, pilote.

Thiburce, matelot à Fécamp.

 

         Médaille d’honneur du travail :

MM. Louis Leprête et Lorieul, ouvriers cordiers dans la maison Bellet de Fécamp.

 

      Et c’est tout ! Une couleur manque dans cette distribution sur laquelle on comptait bien un peu, du moins c’est ce que nous fait supposer cette boutade entendue derrière nous : “C’est maigre tout cela. On n’a guère été généreux pour Fécamp !” – “Et pour le Havre !” surenchérit une voix fort mécontente. Mais il faut en faire son deuil. M. Maujan décampe. L’heure est là qui le presse. Pensez donc, il a à inaugurer un lycée, un collège, trois écoles, et à poser une première pierre à l’hospice et tout cela en moins de deux heures ! pauvre M. Maujan.  

Journal de Rouen du 23.03.1908 - Archives départementales de la Seine-Maritime      .