Voilà une saison, la première placée sous l’administration municipale, qui se termine bien mal ! Vu de l’extérieur, ce n’est pas meilleur, les critiques vont bon train, à l’exemple cet extrait du Guide pratique aux Eaux minérales et aux Bains-de-Mer, (pages 351 et 352) signé par le docteur James Constantin :
“Le casino de Fécamp est certainement l’édifice le plus grandiose, comme bain de mer, qu’on puisse imaginer ; ou plutôt, il faut l’avoir vu pour s’en faire une idée. Il se compose de deux vastes corps de bâtiments reliés entre eux par une longue galerie que surmonte une terrasse, et dont l’ensemble représente un véritable palais. Sur la falaise qui le domine sont coquettement dressés une série de cottages qui en forment comme le couronnement. Pourquoi donc n’y rencontrez-vous que de rares baigneurs ? C’est que jamais lieu ne fut plus mal choisi pour une aussi splendide installation. D’abord l’établissement est trop loin de la ville avec laquelle il ne communique que par une chaussée où la marche est fatigante. Puis les galets qui forment le fond de la plage représentent de gros cailloux roulés qui blessent les pieds du baigneur s’il n’a eu soin de se munir d’espadrilles, nécessité qui, pour beaucoup, ôte au bain son principal agrément. Enfin aucune distraction ne saurait venir du dehors, Fécamp étant avant tout un port de cabotage et les habitants pour la plupart de simples pêcheurs. Cet insuccès est d’autant plus à regretter qu’il ne soit peut-être pas d’endroit où les bains de mer chauds aient été organisés avec plus d’entente. L’usage où l’on est de disposer au fond des baignoires une épaisse couche de varech communique à l’eau des propriétés adoucissantes et résolutives. C’est là une excellente pratique que je voudrais voir se généraliser dans nos autres bains.”
Source : Gallica Bibliothèque numérique de la B.N.F.
Pendant ce temps, le chef d’orchestre Eugène Dugard, qui n’en était plus à un coup du sort près, (n’avait-il pas été “chassé” de son dernier poste, l’Odéon de Tours, suite à l’incendie de ce dernier) se montra des plus persévérants pour imposer son équipe et ses programmes.
“L’histoire serait longue s’il fallait raconter ses luttes presque continuelles contre des propriétaires un peu exigeants. Aux termes de son cahier des charges M. Dugard s’engageait à réunir un personnel de quatre acteurs et cinq musiciens. Il payait un loyer annuel de 2 000 frs.
“Une troupe aussi minuscule était indigne d’un casino de cette importance ; M ; Dugard le sentit et, donnant plus de promesse, amena avec lui un personnel double de ce qu’il s’était engagé à fournir.”
“Carolus” (Charles Durand), dans la Plage Normande du 3 septembre 1886 - collection J.-P. Durand-Chédru
La persévérance et l’acharnement d'Eugène Dugard, à dynamiser le Casino, lui vaudra, en 1872, huit ans après la première prestation de sa troupe, à Fécamp, d’être nommé Directeur, de l'établissement qu'il avait si bien défendu.
Cette page prend ses sources dans le Journal de Fécamp - avec l'aimable autorisation de Durand-Imprimeurs.
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