CAMP-FESTIF - Les GRANDS ÉVÉNEMENTS
    Dessin d'André-Paul Leroux pour la couverture du Livre d'Or des Soldats Fécampois Tombés au Champ d'Honneur
Page créée le 17 mars 2018    


       La capitulation de l'Allemagne le 11 novembre 1918, marque la fin de cinq années de souffrances. Cet événement  qui est à la fois festif, “la guerre est finie !” Mais reste ô combien douloureux, à la pensée de tous ceux qui partis confiants et déterminés, ne reviendront pas !

       Un peu plus de quarante années plus tard, Rodolphe Louis journaliste au Progrès de Fécamp, rappelle cet événement qu'il rédige pour l'édition du 10 novembre 1961 :


     I
l nous a paru bon de rappeler comment fut à Fécamp la nouvelle de l’armistice, l’enthousiasme qu’elle provoqua et de parler de grandioses manifestations qui se déroulèrent dans les jours qui suivirent.

     Comment a-t-on appris l’heureuse nouvelle dans notre ville ?

      Dans le Journal de Fécamp du 12 novembre, M. E. Leroux, le rédacteur en chef, nous décrit en termes émouvants, ce que fut cette journée, dont demain nous célébrerons l’anniversaire.

      “Le bruit a couru dès ce matin, au lever du jour, que l’Allemagne avait accepté les conditions de l’Armistice imposées par l’entente. Cette fois c’est vrai. La mairie de Fécamp a été officiellement prévenue par la Sous-Préfecture du Havre. Le tambour a battu, les cloches ont sonné, les drapeaux se sont hissés partout sur les monuments, les habitations, les drapeaux dans le port.

       “La nouvelle attendue partout a fait déborder l’enthousiasme que la foule contenait depuis quelques jours. L’impression produite par la volée des cloches à dix heures et demie a été profonde. On se rappelait le tocsin du 1er août 1914. Aujourd’hui 11 novembre 1918, que les temps ont changés… Que d’événements, que de deuils et que d’espérance entre ces deux dates ! Une France nouvelle est née, dans un douloureux baptême de sang ; aux côté de ses alliés, la France efface la tache de 1870, tandis que l’empire allemand s’écroule sous la malédiction de ses propres sujets et du monde entier…..

     “Réjouissons-nous maintenant que le sang cesse de couler. Gardons seulement dans notre joie la mesure qu’il convient aux deuils dont nous l’avons payée, et aussi aux circonstances mêmes de l’évènement qui s’accomplit”.

      Après avoir fait le tour des questions relatives aux conditions de l’Armistice et évoqué quelques problèmes d’avenir, M. Leroux termine en ces termes :
 

La république allemande de demain reste débitrice des fautes et crime de l’empire allemand d’hier”.
 

      Le matin du 12 novembre, le père Coquerel, le tambour de ville, lit à chaque coin de rue la note suivante de la Mairie :

     “La municipalité vient d’être informée que l’armistice entrainant la cessation des hostilités avait été signé.

    “Pour fêter cet heureux événement qui marque la victoire définitive des Armées de l’Entente, elle prie les habitants de vouloir bien pavoiser leur demeure aux couleurs nationales et alliées.”
 

     L’enthousiasme né la veille continue, partout les drapeaux foisonnent, pas une maison qui n’en arbore. Ceux qui en vendent font des affaires d’or. Presque toutes les maisons de commerce ont donné congé à leur personnel. Un groupe de soldats britanniques se promène en chantant, accompagnés de jeunes garçons français. Rue des bains (l’actuelle rue Louis Caron), une effigie du Kaiser est pendue à un bec de gaz. La rue Théagène Boufart, de la rue du domaine à la rue d’Etretat a été brillamment illuminée par les soins de la Bénédictine. À 4 h 1/2, une salve de 21 coups de canon est tirée sur la rade par le chalutier “Stella Maris”. On fête dignement ce grand jour, les cafés ont fait de bonnes affaires et, tard dans le nuit, on fêtait encore cet armistice tant attendu.
 

     L’allégresse continue encore au cours de la journée du mercredi 13 novembre, officiellement jour férié.
 

     La première grande cérémonie officielle a lieu le Samedi 16 novembre, en l’église de la Sainte Trinité, à l’occasion de l’anniversaire du roi Albert.

Le grand portail et le chœur de l’Abbaye sont pavoisés avec des drapeaux français et belges entrecroisés. Un portrait en pied du “Roi Chevalier” est placé au-dessus du maître-autel. Sous le grand portail sont rangées treize fillettes en robes blanches, portant des écharpes aux couleurs des nations alliées : Belgique, Congo belge, France-Alsace, Lorraine, Angleterre, Etats-Unis, Italie, Roumanie, Portugal etc…
 

      Parmi les personnalités présentes on notait : MM. René Gayant, conseiller général ; Robert Duglé , maire ; Soublin, adjoint ;Capitaine de Violaine ; le Colonel Godts, le major Boutens, le capitaine Thomas, de l’armée belge.
 

     Le “Te Deum” de victoire est chanté en grégorien par la Chorale de l’Armée belge, Lucien Verhaegen est au grand orgue. La cérémonie prend fin sur le chant de la “Brabançonne”, et le grand orgue clôturera par la “Marseillaise