CAMP-FESTIF - La Fête dans les Entreprises.... à la Bénédictine.
Page créée le 23.09.2018

Dimanche après-midi - Salle de Réunion de la Nouvelle Salle.
 

     À deux heures, la salle des réunions est déjà comble. On a brillamment décoré cette salle au moyen de drapeaux tricolores. Sur l’estrade dressée au fond prennent place : M. Marcel Le Grand président ; M. Dussaussoy, député de Calais, conférencier ; M. V. Cauchois, vice-président ; les membres du bureau et les administrateurs ; MM. Liot et Picard, délégué de la société l’Emulation chrétienne de Bolbec ; les membres honoraires ; les représentants de la presse, etc.

     L’Harmonie de la Bénédictine joue un prélude. Puis M. Marcel Le Grand prend la parole en ces termes :
 

Rapport de M. Marcel Le Grand - Président

    
      Président, Mesdames, Messieurs, Mes chers Sociétaires,

   
Chaque année, nous célébrons notre fête dans le courant du mois de juin, mais nous avons voulu cette fois la faire coïncider avec celle de l’inauguration de notre nouvelle salle de réunions afin de permettre à tout le monde de la voir et de la visiter. C’est ce qui explique le choix fait de la date du 23 août.

     Cette salle vaste, imposante même par sa structure rappelle la coque d’un énorme navire. Cette réminiscence maritime me semble absolument appropriée à notre bonne ville de Fécamp, puisque son port occupe le premier rang pour les armements de pêche.
 

     C’est dans ce local que se tiendront désormais toutes nos réunions mensuelles. Là nous pourrons discuter à l’aise toutes les questions pouvant nous intéresser ; par conséquent, mes chers sociétaires, mettez-vous tous à l’œuvre, faites comprendre à vos camarades moins prévoyants que vous, tous les bienfaits de la mutualité, rappelez-vous que plus nous seront nombreux plus notre société sera prospère, et enfin n’oubliez jamais que l’union fait la force. (Applaudissements)
 

     Nous aurons le regret de ne pas posséder notre président d’honneur, M. Vermont. Voici la lettre qu’il m’écrivait le 19 courant :
 

     Rouen, 19 août 1896.
 

“Mon cher collègue et ami,

“Je pars pour la Lozère, exténué, pour prendre 15 jours de repos avant de me remettre au travail. Il m’est impossible d’assister dimanche prochain à votre assemblée générale.

“Je le regrette doublement, puisque j’aurais eu le plaisir d’entendre et d’applaudir M. P. Dussaussoy, l’éloquent, laborieux et indépendant député, qui, avec MM. Lechevallier et Sibille, a plus particulièrement défendu à la chambre notre indépendance, nos intérêts et nos droits.

“Vous ne le remercierez jamais trop. Je vous prie de lui présenter mes regrets et mes excuses ainsi qu’à vos zélés collaborateurs et à tous les membres de l’Union.

“Votre affectionné et dévoué,

“H. Vermont.”

     P.S. – Inclus une modeste offrande que je vous prie de remettre à Mme Marcel Le Grand. (Applaudissements).

 

    Lorsque nous examinons notre situation et que nous constatons un nouveau progrès, nous avons de justes raisons de considérer le présent avec satisfaction et l’avenir avec confiance.

Aussi suis-je heureux de vous dire que l’état de nos finances est prospère ; nous devons nous en réjouir, car l’année où nous cesserons d’être en marche ascendante, nous pourrions craindre d’enter en période de déclin.
     Notre société a été l’objet de nombreuses générosités.
 

...... suit une liste de 19 membres bienfaiteurs, dont les donations s'élèvent au totale de 1 925 Fr.

 

     Toutes ces libéralités provoquent de notre part un sentiment de profonde reconnaissance dont nous adressons l’expression à nos généreux donateurs (Applaudissements) ..... Après un hommage aux sociétaires disparus 

       ..... Notre société se compose actuellement de 899 membres : 310 membres honoraires et 589 participants, soit une augmentation de 92 membres pour l’année, 12 honoraires et 80 participants.
C’est un résultat dont nous devons être fiers, car il prouve l’intérêt que l’on porte à notre jeune société, et en même temps la confiance qu’elle inspire. (Applaudissements)

      Comme je vous le disais il y a un instant, nos finances sont prospères. Voici du reste quelques chiffres qui portent avec eux leur éloquence.
Nos recettes se sont élevées à 13 763 Fr. 53, nos dépenses à 10 478 Fr. 60. Nous avons donc un excédent de recettes de 3 284 Fr. 93 ce qui porte notre avoir à 23 407 Fr. 19. Il y a lieu de se réjouir de cette situation, car nous avons soigné 106 sociétaires que nous avons indemnisés de 1 967 journées de maladie.
Nous serions injustes de ne pas reconnaitre que nous devons ces brillants résultats à nos membres bienfaiteurs et honoraires qui nous aident si généreusement dans notre tâche.

      Qui de vous, en effet, n’est point touché en voyant la liste de nos membres honoraires ? N’est-elle pas la véritable communion de toutes les idées et de toutes les positions sociales ? (Applaudissements). Nous y trouvons l’ouvrier arrivé à un degré d’aisance qui lui permet de tendre la main à son camarade moins avancé que lui dans l’étape du travail ; nous y trouvons le grand et le petit commerce ; les chefs de nos maisons industrielles y sont presque tous ; notre digne clergé y est également, parce qu’on le rencontre partout où il y a du bien à faire.

     Aussi, pénétrons-nous de l’immense bienfait qui résulte pour nous de la généreuse intervention de nos membres honoraires.
Bienfait qui nous met à même de faire le bien quant à présent et nous donnera par la suite la précieuse faculté d’atteindre le but principal de l’œuvre : c’est-à-dire d’assurer les retraites de nos vieux sociétaires. (Applaudissements répétés). Nous prions nos membres bienfaiteurs et honoraires d’agréer l’expression de notre sincère et inaltérable reconnaissance.

     L’année dernière, par une délibération en date du 7 juillet, vous avez décidé de faire représenter la société au 5e Congrès national de la mutualité française à Saint-Étienne et vous avez désigné notre président d’honneur, M. Vermont, M. Christophe Allard, membre honoraire, et enfin votre président.

      Grâce à l’intervention énergique de M. Vermont, nous avons pu obtenir que la spécialisation des cotisations soit écartée pour les sociétés comme la nôtre. C’était pour nous le point capital, car je considère qu’entrer dans cette voie s’eût été la ruine de nos sociétés. Je ne veux pas m’étendre sur sujet, car notre sympathique conférencier, M. Paul Dussaussoy, député du Pas-de-Calais, qui a bien voulu prendre notre défense à la chambre, va dans un instant vous entretenir de la nouvelle loi sur les sociétés de secours mutuels qui a été mise en discussion et votée ces derniers temps.

    Je désire maintenant remercier d’une manière toute particulière MM. Les docteurs pour leurs bons soins et leur dévouement éclairé à nos malades ; l’année a encore été rude pour eux, mais leur zèle ne s’est pas ralenti. Je les félicite de leur façon de procéder vis-à-vis de nos malades. Le nécessaire leur est toujours donné et la profusion est toujours évitée. (Applaudissements). Que puis-je dire de mes zélés collaborateurs, MM. Les membres du bureau et du Conseil d’administration ? Il ne m’appartient pas de les remercier et cependant je serais un ingrat si je ne vous faisais pas connaître tout leur dévouement à la Société.

     Ils se réunissent tous les mois, ils discutent vos intérêts et examinent avec soin toutes les questions qui peuvent vous intéresser ; ils n’ont du reste qu’un seul but : la prospérité de la Société. (Nouveaux applaudissements.)
Je ne veux pas oublier MM. Les inspecteurs. La mission qu’ils remplissent est pleine de dévouement. Ils sont le grand rouage de notre société s’ils s’imposent une grande régularité dans l’accomplissement de leur service, l’abstention des visites ou leur éloignement ayant pour conséquence d’entrainer le paiement des journées qui ne sont pas dues. En effet, souvent un malade est guéri, mais la feuille n’étant pas arrêtée quelques-uns se croient autorisés à toucher l’indemnité jusqu’au jour où cette formalité est accomplie. Ceci ne doit pas être. MM. Les inspecteurs doivent bien se pénétrer de ce fait que tout malade sorti de chez lui sans l’autorisation du médecin doit être considéré comme guéri.
     Avant de terminer ce court exposé laissez-moi, chers sociétaires, vous faire une dernière recommandation : Dans quelque position que vous vous trouviez, rappelez-vous que la société l’Union, votre seconde famille, fera pour vous ce qu’une mère doit faire pour ses enfants, à la condition toutefois que vous suiviez votre drapeau qui vous conduira toujours dans le chemin de l’honneur et du devoir. (Applaudissements répétés.)
     Ce discours du sympathique président provoque une longue salve d’applaudissements. Après un nouveau morceau de l’Harmonie, chaleureusement applaudie, la parole est donnée à M. Lucien Déneuve, trésorier, qui sait comme toujours cacher l’aridité des chiffres, sous un heureux choix d’expressions. Voici le rapport présenté par M. Déneuve.
 

Rapport de M. Lucien Déneuve - Trésorier - 


     Mesdames, Messieurs
Les quelques chiffres que vient de vous citer notre cher président au cours de son intéressant rapport sur la situation générale de la société vous ont déjà fixés sur les heureux résultats de notre dernier exercice.
Vous trouverez sans doute, comme moi, que pour inaugurer cette magnifique salle, il était indispensable – je vous dirais même naturel – que nous ayons une situation financière en rapport avec le confortable, le luxe dont nous jouissons aujourd’hui, grâce à l’initiative de deux de nos soutiens les plus dévoués : j’ai nommé M. Marcel Le Grand, notre président, et M. René Gayant, notre sympathique administrateur. Je serais certainement l’interprète de vos sentiments, mes chers camarades, en leur exprimant publiquement aujourd’hui nos plus sincères remerciements et l’expression unanime de notre sympathique reconnaissance. (Applaudissements).

     Il me semble que cette fête pourrait particulièrement prendre date dans les annales de notre société : Elle est la consécration de douze années d’efforts soutenus chez nos sociétaires et de douze années de généreux et fertiles encouragements de nos bienfaiteurs. Elle semble être aussi le point de départ d’une nouvelle ère de prospérité, assurée par la confiance qui nous est si largement accordée jusqu’ici.
     Cette fête n’indique-t-elle pas encore, de la façon la plus éclatante, et en même temps que notre prospérité, ce que peuvent la confiance dans l’union et la mise en pratique des principes de vraie fraternité ?
     Faisant cesser peu à peu l’indécision qui régnait dans beaucoup, lors de nos débuts, en imposant par sa foi profonde et inébranlable dans l’avenir notre président a rallié sous le pacifique drapeau de l’Union, les indifférents et ls réfractaires à la mutualité. (Applaudissements).

     De 306 membres participant qui figurent sur nos listes en 1886, nous en comptons aujourd’hui 589, et nos membres honoraires et bienfaiteurs qui, à la même époque, étaient au nombre de 124 atteignent maintenant le chiffre imposant de 310. Ces chiffres ; mesdames et messieurs, se passent de tout commentaire, car ils sont plus éloquents dans leur brièveté que le meilleur éloge que je pourrais adresser à celui qui a tant fait pour les atteindre. (Applaudissements).

     Notre président vous l’a dit, Mesdames et messieurs, la balance de nos recettes et de nos dépenses fait ressortir pour l’année 1895-1896, un boni de : Fr. 3 284, 93 qui s’établit comme suit :

 

        ..... Ici le bilan détaillé, annoncé plus haut, par le président Marcel Le Grand.

                                                                                               
     Cette année sociale, Mesdames et Messieurs, compte parmi les meilleures que nous ayons traversées depuis notre fondation ; ses résultats ne se trouvent en effet dépassés que par ceux de l’exercice 1891-92 qui soldait par un excédent de recettes de 3 314 Fr. 04.
     Souhaitons donc de marcher longtemps dans cette voie ; continuons mes chers camarades, à nous montrer dignes de l’intérêt que portent à notre belle association les nombreux bienfaiteurs qu’elle compte et sans lesquels tous nos efforts demeureraient stériles.
      En leur demandant de nous continuer cette confiance, je me fais certainement l’interprète de vos sentiments et, en votre nom à tous, je leur dis merci.
On applaudit vigoureusement l’intéressant rapport financier de M. Lucien Déneuve, et c’est au tour du conférencier, qui se lève au milieu d’un religieux silence.