FÉCAMP-FESTIF - Les Grands Événements
   Page créée le 24 août 2017

   
     Journal de Rouen 17 octobre 1920

      A la Chambre de Commerce

 

      M. Vasse, président de la Chambre de commerce entouré des membres de la compagnie reçoit le ministre. La séance est ouverte aussitôt, et M. Vasse fait devant l’auditoire l’exposé de la situation du port de Fécamp.
 

      M. Vasse remercie d’abord MM. Bignon et Thoumyre d’avoir bien voulu venir passer quelques heures à Fécamp, montrant ainsi l’intérêt que les deux ministres portent à la ville et à son port. Puis en un raccourci saisissant, il expose ce qu’a été Fécamp dans le passé, citons simplement les chiffres de 1919 : le port a produit 11 000 000 de francs pour la morue de Terre-Neuve et Islande ; 14 millions pour le hareng frais et salé, 2 millions pour le maquereau salé, et les résultats de 1920 seront certainement plus importants encore. Mais il faut subventionner ce port pour qu’il donne davantage.
 

     D’autre part, Fécamp, grand port de pêche, est aussi le centre d’un important mouvement de cabotage :
 

     Charbon venant en transit où alimentant les usines à gaz où à briquettes dont le tonnage va sans cesse croissant ; graines oléagineuses destinées aux Huileries de Fécamp-Saint-Ouen ; bois d’Amérique et de Scandinavie ; métaux divers pour les industries métallurgiques ; lins nécessaires aux importantes lineries qui ont pris un grand développement dans la vallée de Ganzeville.
 

     Blé pour les minoteries de Fécamp et de la vallée ; frets d’aller et retour pour la Bénédictine dont la renommée est mondiale ; chanvre et manille pour nos corderies ; brai et goudron de Norvège ; ciments de Portland marchandises diverses pour la consommation régionale ou en transit.
 

     Citons encore - continue M. Vasse – pour compléter l’énumération de notre industrie locale une importante fabrique de pêche des tanneries et trois chantiers de construction en bois les seuls avec la région bretonne qui continuent en France le travail toujours apprécié de nos charpentiers de bois et de nos calfats.

     C’est ainsi que, pour citer des chiffres, Fécamp a reçu pendant la période quinquennale 1915-1919 une moyenne annuelle de : 186 000 tonnes de houille, 90 000 tonnes de métaux, 7 000 tonnes de bois, 6 000 tonnes d’arachides, 5 000 tonnes de goudron, 16 000 tonnes de divers. – Ensemble 310 000 tonnes.
 

     Cet ensemble de trafic intense (pêche et commerce) qui s’accroît progressivement chaque année, a amené la Chambre de commerce à examiner un certain nombre de travaux nécessaires et de réformes qui s’imposent. Ce programme d’avenir – établi sous la présidence de mes distingués prédécesseurs. M. Camille Dubosc à l’activité et au dévouement duquel je suis heureux de rendre hommage, et M. Lemétais, trop tôt disparu et dont je ne puis sans émotion évoquer ici le souvenir – comprend :
 

1° Des travaux de réparations, de construction et d’amélioration à exécuter dans le port ;

2° la remise en état de l’outillage ancien et de la création d’un outillage nouveau ;

3° L’amélioration des voies et moyens de transports actuels d’un outillage des voies et de moyens nouveaux.

Travaux à exécuter dans le port

1° Approfondissement de l’avant-port et réfection des quais (grand Quai et Quai Bérigny

2° Creusement et décrochement du chenal et exécution régulière de draguages permettant d’y maintenir une profondeur constante.

3° Remplacement du Pont-Neuf par un pont à double voie.

4° Draguage et entretien régulier des bassins Bérigny et Freycinet, établissement d’appontement sur toute la longueur de quai sud.

6° Vouter la rivière de Valmont sur toute la plus grande partie de sa longueur.

7° Remblayer la partie à l’Est du bassin Freycinet afin d’y créer un terre-plein pour le stockage des marchandises.
 

     II.- Outillage
 

1° Construction d’un slip, où éventuellement acquisition d’un des stocks flottants livrés par l’Allemagne, pour le carénage des navires.

2° Réparation des grues actuellement existantes et acquisition de grues électriques de nouveaux modèles à placer sur les quais du bassin Freycinet.
 

     Qu’il me soit permis à cette occasion de rappeler que le réseau de l’État a manifesté son intention de supprimer les 4 grues Browning qui avaient été installées pendant la guerre sur le quai Freycinet, et par suite l’important trafic de charbon qu’elles alimentaient.

Nous avons demandé au réseau de réserver à Fécamp sa juste part de ses importations de charbon ; nous serions heureux si vous vouliez bien appuyer notre requête auprès des autorités compétentes.
 

3° Construction de hangars sur les quais pour abriter les marchandises périssables.
 

     III.- Chemins de fer et transport
 

1° Création d’une ligne à double voie de Fécamp à Motteville, comprenant, doublement de la voie entre Grémonville et Motteville, projet préparé par les Anglais.
 

Cette ligne donnant à Fécamp une communication directe avec paris en évitant la rampe laborieuse des Ifs et le transbordement fâcheux de Bréauté.

Elle aurait en outre l’avantage de doubler la ligne du Havre à Motteville et d’éviter l’arrête du trafic le Havre-Paris, en cas de rupture où d’immobilisation du viaduc de Mirville.
 

2° Établissement d’une gare maritime auprès des appontements prévus au quai sud du nouvel avant-port et comprenant un hall au poisson, un hangar pour l’expédition et un magasin frigorifique.
 

3° Raccordement de cette gare maritime avec la gare principale, tant par le quai Sadi-Carnot que par derrière les magasins généraux.

4° Agrandissement de la gare actuelle des voyageurs ainsi que des halls de messagerie et de marrée fraîche. Agrandissement du dépôt et des voies ferrées existantes.

5° Établissement de trains de marée comprenant au besoin des wagons isothermiques ou frigorifiques pour permettre au poisson frais de parvenir en bon état sur les lieux de consommation de grande distance.
 

     La partie de ces travaux intéressant la pêche serait à prélever sur le crédit de 200 000 francs voté à cet effet par le parlement et le reste serait imputé sur les crédits des Ports des Travaux publics avec l’appoint proportionnel des subventions du département, de la ville et de la Chambre de commerce.

Etant donné l’importance de ces travaux, leur exécution devra être répartie sur un certain nombre d’exercices.
 

Journal de Rouen du 17 octobre 1920 - Archives départementales de la Seine-Maritime - cote JPL 3_262