FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS les ENTREPRISES
Page créée le 24 mars 2017


     19 décembre 1948 : Remise de la Cravate de Commandeur de la Légion d'Honneur à Gustave COUTURIER

 

     Cette page est la suite de la page “Gustave Couturier”  consacrée à la cérémonie officielle qui se tenait dans les locaux de la société G. Couturier 3, rue Bailly à Fécamp. Nous arrivons à la partie festive de l'après-midi réservée au personnel. Plus intime cette fête se termina ..... fort tard !

 

LA RÉCEPTION AUX Ets G. COUTURIER

 
     Sitôt le banquet offert par M. Couturier à ses invités, à l'Hôtel de la Poste et qui mit en valeur, une fois de plus, la science culinaire de M. et Mme Basile, et la parfaite présentation des mets de qualité servi par un personnel stylé, les convives se rendirent aux Etablissements G. Couturier, où un vin d'honneur était offert aux employés et ouvriers.

       M. Couturier exprima à nouveau ses remerciements à M. André Marie qui avait bien voulu assister à cette fête intime ainsi qu'à M. René Coty, et aux notabilités présentes.

Le fondateur des Ets. G. Couturier retraça à grands traits l'historique de sa maison créée en 1905 et dont l'une des quatre premières ouvrières, Mlle Julia Gohé, occupe encore un poste important à la réception, ce dont il tient à la féliciter.
 

      Concurrencer Paris qui avait le monopole de l'Industrie du vêtement était ardu, mais cinq années suffirent pour atteindre le résultat escompté. Une usine était construite et une société anonyme remplaçait l’ancienne raison sociale.
 

     Vint la guerre, qui coûta un fils tendrement aimé, à M. Couturier et dont le second devait disparaître, hélas, quelques années plus, tard, et qui devaient jouer un rôle de premier plan dans l'affaire. Ce fut pour M, Couturier un véritable effondrement, mais il se ressaisit bien vite, car il se devait à son dévoué personnel qui lui avait fait confiance et c'est dix ans plus tard 'la création du rayon Garçonnet, et des usines de Bolbec, Yvetot, Harfleur et Evreux.
 

     En 1941, malgré les événements, avec le concours de M. Cartier, c’est l'installation à Lillebonne des usines de Filature de Tissage, de Teinture et d'Apprêts, qui permirent de faire vivre le personnel.
 

     Si le gouvernement a voulu, récompenser le fondateur de cette belle industrie, il a voulu aussi récompenser les nombreuses œuvres sociales qu'il créa également, Monsieur Gustave Couturier rend hommage à cet égard, au Conseil d'administration qui a toujours approuvé et encouragé ses projets.

S'adressant à son personnel, le grand industriel aujourd'hui à l'honneur, dit qu'il lui doit une large part de la récompense qui lui a été décernée, car n'est-elle pas la consécration officielle des services rendu, à la collectivité, grâce aux efforts communs, accomplis avec ' une haute conscience professionnelle à laquelle il convient de rendre hommage.
 

    
“ Auprès de vous, j’ai puisé le courage, la force, l’énergie et la volonté indispensables afin de mener à bien cette entreprise qui forme la grande famille à laquelle nous sommes fiers d’appartenir.

    “ Et ce n’est pas seulement par des paroles, des encouragements verbaux que nous avons conquis la confiance illimitée de nos collaborateurs à tous les degrés, nous en avons fait de véritables associés ; les résultats ne se sont pas fait attendre ; ils se traduisent de la façon suivante.


    “ Pour l’année 1948, nous avons donné la prime d’ancienneté il y a un mois, en fin d’année nous distribuerons la prime à la production, un intérêt très élevé des obligations distribuées gratuitement et demain une somme de 10 millions va être distribuée à notre personnel à titre de participation aux bénéfices, somme bien supérieure à ce que nous distribuons à nos actionnaires. Dans cette somme, n’est pas comprise la répartition des Sociétés Filiales « Société Normande de Tissage », « Société de teintures et Apprêts » qui recevront les mêmes avantages.


     “En prenant de telles décisions, nous poursuivons un double but : témoigner notre reconnaissance aux services rendus et contribuer à la paix sociale. Permettez-moi de vous dire pour terminer, mes chers amis, que dis-je mes chers enfants, ne suis-je pas votre père à tous, de la façon la plus amicale et la plus cordiale, que lorsque j’aurai abandonné le gouvernail  - que je ne laisserai que lorsque les forces m’auront trahi - que le travail, la ténacité, l’énergie, l’audace et la confiance en soi-même, joints à une étroite collaboration de tous, sont les qualités maîtresses indispensables pour le développement constant, la grandeur et la prospérité de notre belle société.

“Honneur aux Établissements Couturier et à ses dévoués collaborateurs”


 

Ces dernières paroles, furent saluées d'une ovation prolongée qui n'exprimait pas tant le plaisir causé par une aussi bonne nouvelle que celle de la répartition d'une somme de 10 millions, que par le désir de redire, une fois de plus, au « patron » toute I‘affection de ses collaborateurs, trouvant en, MM. Cartier et Rogue, des interprètes hautement qualifiés. M. Cartier, directeur des Etablissements, exposa la genèse de l'affaire qui le mit en contact avec M. Couturier dont la rapidité de décision le lui désigna aussitôt, comme un vrai chef, et lui permit de travailIer aux côtés d'un homme qui étonne ceux qui l'approchent par sa vitalité et son esprit d'initiative. Fier des résultats obtenus le personnel des Ets G. Couturier continuera, suivant l'exemple venu de haut, la tâche entreprise. Puis félicitant M. Couturier de la haute distinction qui l'honore, M. Cartier lui remet une réduction de la croix de Commandeur, offerte pour tout le personnel heureux de concrétiser ainsi les sentiments d'affection qui le lient à son bien aimé patron. Ces sentiments, M. Rogue, au nom des Cadres et du Personnel tout entier, les exprime à son tour, appuyé par l'offre d'une magnifique corbeille de 83 roses rouges.
 

     “ Nous voulons vous parler avec tout notre cœur et vous dire simplement notre admiration » dit M. Rogue, qui est heureux de montrer aux étrangers, la profondeur et la cause du sentiment voué au “Patron” parce qu'il a conquis le cœur de tous, sentiment qui s’est exprimé si spontanément lors de l'annonce de sa promotion au grade de Commandeur de la Légion d'honneur. « Vous voulez nous considérer comme des associés ; les sommes que vous nous remettez en sont une nouvelle preuve.' Tous ensemble ; nous vous disons : « Merci ».
“Les fleurs qui vont vous ; être remise» portent le témoignage de notre gratitude. Ce modeste bouquet contient 83 roses qui marquent vos années ; puissions-nous vous en offrir encore d'autres plus nourris . . .

“ Notre vœu est que vous restiez encore longtemps parmi nous, en vous assurant que ce grand jour restera gravé dans nos mémoires, et resserrera encore les liens d'amitié qui nous unissent.”
 

      C'est M. Lejeune, président de l'Union Interfédérale des Industries de l'Habillement qui vient ensuite apporter à M. Couturier les félicitations de la Confection de France. Citant M. Couturier en exemple, il dit qu'il incarne les trois principes fondamentaux qui régissent la vie du commerçant honnête “Livrer au consommateur au plus juste prix à qualité égale” ; aider le personnel par des salaires raisonnables et d'équitables répartitions de bénéfices ; remplir ses devoirs envers l'entreprise, véritable richesse du patrimoine national.”
 

     Puis M. Marie tire la conclusion des divers discours entendus depuis le matin en disant qu'après avoir rendu à l'homme public l'hommage dû à ses éminentes qualités, cet après-midi, dans cette fête de famille. C’est à l'homme social, au patron généreux qu'il convient de dire un profond merci.

La première fois que M. Marie entendit parler de M. Couturier ce fut par son ami René Coty, qui lui fit part qu'il y avait à Fécamp un homme de bien éternellement  jeune, et quand il le vit arriver au Conseil Général, ses collègues  et lui furent heureux de le voir occuper à la Commission des Finances. la place que lui valaient ses compétences en la matière. Avec son esprit de décision coutumière quand on lui entend dire après  l’étude rapide d'un dossier :
 

     “ Ça, c'est raisonnable, ça c’est démagogique ! ”, il n'y a plus qu'à s'incliner tant il a vu juste. Je lui dois en le connaissant, de comprendre le passé glorieux de cette maison, dont il a fait l'entreprise que l'on sait.

Tout à l'heure, quand M. Couturier disait: Je suis votre père à tous, il exprimait une vérité éclatante.
 

     Ces vertus que nous lui reconnaissons sont celles qui peuvent permettre notre redressement : travail, droiture, probité. La répartition des bénéfices qui associe ainsi le travail au capital me fait exprimer le vœu que votre chiffre d'affaires devienne plus volumineux.
 

“C'est une rude responsabilité aussi que vous assumez, mais quelle meilleure récompense que le spectacle d'une salle d'ouvriers penchés vers le guide qui leur donne l'exemple de vie, de travail et de bonté. Quand il nous arrive au gouvernement  de prendre des mesures qui peuvent apparaître comme des mesures de rigueur, c'est un réconfort que de voir une fête comme celle-ci, de voir cordialement unis dans un même but, le capital et le travail.”
 

     Les cérémonies officielles sont terminées, maintenant, elles font place aux réjouissances. Un grand bal réunit ouvriers et ouvrières. tandis que sur scène, des artistes venus de Paris apportent de la Butte leur accent et leur gaieté. Ce n'est qu'aux environs de minuit que le bal prit fin, terminant ainsi par une note de liesse populaire une journée dont tous ceux qui en ont été les acteurs et les témoins, garderont un souvenir impérissable.
 

Extraits des articles parus dans le Progrès de Fécamp du 20 décembre 1948 - du Havre-Libre du 21 décembre 1948   

 
DIAPORAMA SOUVENIR de la FÊTE de L'APRÈS-MIDI.....jusqu'au soir !


 
Crédit photos : Famille et descendants de Gustave Couturier, avec leur aimable autorisation.

 
                                                                                                                                                                                                RETOUR                    
 
  
  

  • Gautier André dit :
    16 2017

    3/5
    Bravo Michel encore un super travail tu nous fait revivre notre jeunesse encore merci