FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE EN SALLE
Page créée le 28 février 2017
      
LA REVUE :
       Premier Acte

      Comme dans toute bonne opérette, une ouverture très pimpante, qui est un résumé agréable des principaux passages qui vont tout à l’heure faire le succès de la revue, nous y prépare d’une façon très heureuse. Elle est d’ailleurs très chaleureusement applaudie.
 

     Et le rideau se lève sur un premier chœur très enlevant très enlevant disant toute la joie qu’a ressentie la jeunesse de Fécamp de retrouver après cinq ans, sa bonne vieille foire (Mlle M. Petit, fort originalement costumée). Voici, à gauche, les marchands de bonbons et de berlingots, la loterie ou à tous les coups l’on gagne. On devine plus loin les manèges d’aéros et, tout au fond, le cirque Bijou, de joyeuse mémoire. A droite, les tirs et confiseries. Nos compliments à l’habile décorateur, M. Grugeon qui - pour n’avoir plus à y revenir - a également brossé d’une main de maitre, le décor des sources de l’Epinay, orienté vers Fécamp avec l’usine de Senelle-Maubeuge dans la perspective et celui de la digue, si frappant de vérité, avec les villas du boulevard des Belges, le Casino, les falaises et la mer.

     Mais voici, amené par une adroite réplique le clown Bijou et sa fameuse bourrique « Madelon » qui fait son entrée. Bijou réclame le silence pour écouter les musiciens de la parade lesquels, en effet dans une orchestration d’un amusant réalisme, jouent à tue-tête l’air si souvent entendu par les habitués du cirque Bijou. Et voilà de nouveaux couplets, de nouveaux refrains, suivis d’un pas de polka général des plus amusants.

Puis le spectacle est interrompu par l’irruption tapageuse dans la salle de deux nouveaux riches, les pseudo-baron et baronne de Bedondor (Mme Sylvia Bocquet et Séverin Lair) faisant grotesquement étalage de leur luxe insolent, provoquant les réclamations d’un spectateur des galeries (M. Tronel) ; enfin l’intervention du régisseur qui les engage à se joindre à la troupe de la revue.

     Les Bedondor font leur entrée solennelle, sur l’air célèbre du Prophète, magistralement enlevée par l’orchestre et les chœurs. Baron et baronne s’inquiètent de leur chauffeur parti voter à Saint-Léonard, car on est en pleine campagne électorale, ce qui est prétexte à nous faire entendre trois jolis couplets dont la musique est due au talent de M. Constantin, et que Mme Sylvia-Bocquet détaille avec beaucoup de finesse.

     Nous n’avons pas la prétention de vous conter par le menu les inénarrables aventures de ces nouveaux riches, non plus que tous ces épisodes amusants et bouffons qui relient avec une ingéniosité sans pareil toutes les scènes de ce premier tableau. Disons simplement qu’une plaisante satyre d’une bourgeoise et de son chien, de suite reconnu, provoque la plus vive hilarité.

     Entre temps le baron de Bedondor s’inquiète du placement de ses capitaux ; il va se mettre en quête d’un agent d’affaires, d’un notaire, lorsqu’il est entendu par Mlle Galopette, fille de l’industrie fécampoise et du comité des armateurs, gracieuse commère, très finement silhouettée par Mme Clébant. Elle lui propose de lui donner des conseils, nouveau prétexte pur entendre un gracieux duo sur l’air ancien de Colinette, duo qui est fort applaudi. Ensuite et sur l’air de Frères Jacques, les bourgeois et bourgeoises d Fécamp se plaignent amèrement de la crise de bonne. Ils sont interrompus par une grande fille sale, aux joues et au nez rouges, à la bouche édentée. C’est Mélanie et c’est surtout M. Maurice Braquehaie, dont le jeu et le chant si intéressants ont été très remarqués. Mélanie, c’est une bonne invraisemblable et qui a un programme ultramoderne chanté par elle sur l’air populaire de Marguerite. Ses rigoureuses exigences sont, d’ailleurs consignées sur des prospectus qu’elle distribue et que nous ne citerons pas dans la craint de lui faire une propagande qui pourrait être . . . Dangereuse ! Disons seulement que les conditions draconiennes de Mélanie sont acceptées avec enthousiasme par ces bourgeois en détresse.

     Puis Mlle Galopette revient à l’idée déplacements de fonds du baron Victor du Bedondor, dans les industries fécampoises : « pour cela il faut les connaître ». Aussi les voilà, défilant sur l’air bien connu des conspirateurs de  La fille de Mme Angot devenus, pour la circonstance des « transpirateurs »  joyeusement caricaturés par le librettiste. Et pour convaincre son orgueilleux mai, la baronne Eléonore de Bedondor, qui fut élevée dans le quartier du Bout-Menteux, lui chante sur la célèbre romance de Mignon les charmes du « Pays ou fleurit l’hareng saur » ! Mme Sylvia-Bocquet qui est une intelligente diseuse, y obtient beaucoup d succès, ainsi que les Chœurs et l’orchestre qui l’accompagnent.

     Mais apparait alors le ministre des finances et son entrée jette « un froid », car il faut taxer . . . Même l’amour ! Le ministre, c’est M. Tronel qui chante ses projets, d’une façon très humoristique, sur l’air du singe, de la mascotte.
 

     M. Constantin a eu une heureuse inspiration en nous faisant entendre, en fin de ce tableau, deux airs qui contribuent au succès de ses précédentes revues. « Ça galope » est une réminiscence agréable de Fécamp trotte et le chœur final produit un effet splendide. C’est sur des applaudissements enthousiastes que le rideau tombe.
 

     Deuxième Acte

     Nous sommes aux sources de l’Epinay, en 1917, nous explique en un court prologue M. Rougeulle, un impeccable régisseur « parlant au public ». Des poilus et de gentilles « Obusettes » travaillent dur et ferme, aux usines de Senelle-Maubeuge, à la fabrication des obus. Ils tournent « des manivelles » et nous le chantent gaiement sur l’air de « Caroline ». Un poilu du front, Grégoire Duval (Séverin Lair) vient d’arriver à Senelle-Maubeuge pour y surveiller le personnel. Nouveaux couplets très entrainants, repris en chœur par les obusettes et les poilus. Mais Duval a une marraine américaine qui se propose aussi de monte une usine d’obus, Mistress Peacock, - c’est Mme Clébant, - gracieusement costumée ; elle nous explique ses intentions sur un air anglais fort original : « Aimez-vous les Boches ? » - Non ! Répondent vigoureusement poilus et obusettes.

     Les beautés de ce joli coin de Normandie, que sont les sources de l’Epinay, avec ses sentiers ombreux lui sont expliqués par le génie pastoral (M. Tronel), et provoquent un joli duo : « oui comme autrefois au temps des marquises ! ».

Mistress Pencock avoue son amour pour un aviateur français qui va lui rendre visite en aéro. « Il est très gentil », dit-elle et le censeur (Mme Sylvia Bocquet), l’homme aux grands ciseaux, qui fait son apparition, confirme qu’il est aussi un brave. Le censeur aime l’aviation, et nous le roucoule d’agréable façon dans la jolie valse-berceuse de l’aéroplane. Encore un succès de plus à l’actif de Mme Sylvia-Bocquet qui, en travesti masculin, porte l’habit noir avec beaucoup de chic.

     Nous entendons encore la polka des « Totos », spirituels couplets en souvenir de ces petites bêtes qui « s’illustraient » au front, puis l’aviateur de Mistress Pencock a fait son entrée. Grand, bien découplé en costume classique d’aviateur, M. Maurice Braquehaie a parfaitement composé le personnage. Il tient la scène avec infiniment d’aisance et se fait fort applaudir dans un refrain patriotique que, d’une voix solide, il chante à la gloire des armées. Ce refrain est suivi du chœur des obusettes lequel par sa mise en scène et son mouvement bien réglés entraine les bravos chaleureux de toute la salle.
 

      Troisième Acte

     Cet acte se passe sur la digue où évolues et chantent les étrangers, où le belge Léopold (Jean Lebon) détaille avec un fidèle accent les couplets satiriques de la « Culotte du Kaiser » où défilent à nos yeux les petits ménages franco-belges, sur le rythme solennel de la traditionnelle « Marche Nuptiale ». De Mendelssohn, puissamment enlevée par l’excellent orchestre de la Symphonie. Mlle Galopette et le parisien (M. Tronel) leur font fête en leur racontant une petite histoire sentimentale vécue par Titine et Léopold et gentiment détaillée par Mme Clébant et M. Tronel sur l’air populaire de “Nénette et Rintintin”

     Mais voilà Maît’ Pierre (Marceau Petit), de Saint-Léonard et sa fille Alphonsène (Mlle M. Petit) se rencontrant sur la digue avec Mathurin (M. Séverin Lair), le fiancé d’avant-guerre. Ce dernier a passé toute la guerre sur le banc de Terre-Neuve où il « gardait des morues ». Il ne sait rien de ce qui s’est passé sur l’ancien continent ; il ignore la crise du sucre, les trois jours sans viande, la vie chère etc . . . il faut que le Parisien le lui apprenne dans des couplets fort bien tous et adroitement détaillés.

     Mathurin rente furieux de sa tournée en ville pour acheter le mobilier que Maît’ Pierre exige pour consentir au mariage de sa fille. Il retrace de façon drolatique sur un air de scie populaire, ses nombreuses déconvenues chez les commerçants de la ville qui lui ont demandé des prix fous qu’il ne soupçonnait pas ! Bref, tout s’arrange : Mathurin épousera « Alphonsène » !

     Et pour le mettre « à la page », Mlle Galopette fait, devant lui, défiler nos alliés. Par couple, joliment costumés, ceux-ci s’avancent aux accents d’un air approprié. Puis, entrant en scène la Madelon de la Victoire (Mme Sylvia-Bocquet), le poilu Français (M. Marcel Gillet), accompagnés de l’Alsace et la Lorraine, personnifiés par deux charmantes filles.
 

     La scène s’emplit alors d’une nombreuse figuration, les drapeaux Français et alliés sont déployés et la « Madelon de la victoire », chantée par Mme Sylvia-Bocquet est reprise au refrain en un chœur du plus parfait ensemble. Puis un couplet charmant, réservé au public, termine agréablement la revue.

     
La distribution, les couplets