FÉCAMP-FESTIF - Les GRANDS ÉVÉNEMENTS
Page créée le 26 mars 2017 - mise à jour le 4 février 2018

Le Banquet

 
     Les hôtes de la cité devaient visiter, dans l’après-midi, le Collège, l’Ecole primaire supérieure et le délicieux parc du Val-aux-Clercs. En quittant l’Hôpital-Hospice, ils prirent place dans des automobiles, afin de se rendre au casino, où un grand banquet, servi avec le soin le plus attentif par le personnel de l’Hôtel de la Poste, allait être présidé par M. le ministre des travaux publics.


     Le repas débuta à une heure. Les personnalités suivantes s’assirent alors à la table d’honneur, autour de M. Laurent Eynac :

    MM. Le Beau, préfet de la Seine-Inférieure ; Couturier, maire de Fécamp ; Bureau, président du Conseil général, député ; Lavoine, sénateur ; Métayer, Quesnel, Marie, députés ; Rocquigny, Constantin, Eugène Le Grand, Lechevallier, B. Lefebvre, conseillers généraux ; Meyer, inspecteur d’académie à Rouen ; Rols, conseiller de préfecture ; Rosier chef de cabinet du préfet ; Bouffet, directeur adjoint du personnel au ministère de l’Intérieur ; Périer, sous-préfet du Havre ; Rancière-Granès, sous-préfet de Dieppe ; Tranchand, Lebreton, Morisse Delille, conseillers d’arrondissement ;Galissard, Dumont, Gallais, adjoints au maire de Fécamp ; les membres du conseil municipal ; Vasse, président de la Chambre de commerce et les membres de cette compagnie ; Mail, président du Tribunal de commerce et les juges ; le docteur Jouen, directeur des services d’hygiène à la préfecture ; Vasseur, chef de division ; Saunier, ingénieur en chef du service vicinal ; le président et les membres du conseil des prud’hommes ; le docteur Maupas, médecin-chef de la Goutte de lait ; le docteur Payenneville ; le docteur d’Alençon, administrateur de l’Hospice ; Taurin, vice-consul de Suède ; Marsolet, vice-consul de Norvège ; Touchard, principal du Collège ; Ledun, président de la Caisse d’épargne ; le docteur Dupont directeur du bureau d’hygiène ; le docteur Ouvry, médecin du dispensaire ; Emile et Jacques Mauge, architectes ; Lefebvre, maire de Criquebeuf-en Caux ; Golain, maire de Froberville ; Delaunay, maire Ganzeville ; Basille, maire de gerville ;Décultot, maire des Loges ; Loisel, maire de Maniquerville ; le baron Levasseur, maire de Tourville-les-Ifs ; Julien, maire de Vattetot-sur-mer ; Gosselin, maire d’Yport ; Santini, inspecteur de l’Assistance publique ; Chabert, inspecteur du travail au Havre ; le docteur Cailleret ; Camus, juge de paix à Fécamp ; Ducreux, chef de bureau à la sous-préfecture du Havre ; Avenel, secrétaire général de la mairie de Fécamp ; Desfontaines, capitaine de la gendarmerie au Havre ; Melles Géraud, inspectrice générale des écoles maternelles ; Messier, inspectrice départementale ; Mme Duhamel, présidente du Comité de patronage de la Crèche et de la goutte de lait ; Melle Roussel, directrice de l’école maternelle de Fécamp ; Mme Revet, inspectrice du travail, etc…


    Au champagne, après un repas exquis arrosé des meilleurs crus, quatre discours furent prononcés. M. Couurier, maire de Fécamp, remercia d’abord le ministre des travaux publics de l’honneur qu’il avait fait à la cité en venant présider les différentes cérémonies de la journée, puis après avoir rendu un bel hommage au professeur Gosset, repartit à ce moment pour paris, il poursuivit :
 

     “ Le docteur Léon Dufour avait compris que pour conserver à notre race toutes ses qualités, tous ses génies, il lui faut des enfants robustes et forts, entourés pendant toute la période du jeune âge –n où toutes les maladies guettent impitoyablement le nouveau-né – des soins des plus éclairés. De, bien souvent, la maman se trouve dans l’impossibilité de lui assurer sa subsistance ; c’est là que se révèle la grandeur de l’œuvre du promoteur, du fondateur de la première goutte de lait ; œuvre géniale, œuvre philanthropique par excellence, dont les services sont incalculables et qui se place au premier rang des œuvres humanitaires.

L’idée du docteur Dufour a fait le tour du monde et Fécamp peut être fier d’avoir été sa petite patrie. Mais notre cité n’a pas seulement à se glorifier du docteur Dufour ; le professeur Gosset, le plus éminent chirurgien de France, dont le grand renom rayonne dans tout l’univers, est aussi un enfant de Fécamp. Eh bien, c’est de l’exemple de ce grand maître et de ce grand philanthrope que la municipalité s’est inspirée dans les directives de son programme social, que vous avez bien voulu, Monsieur le ministre, venir inaugurer aujourd’hui.


     “ La ville de Fécamp, qui avait vu naitre la première goutte de lait, se devait à elle-même de lui donner un cadre qui puisse servir d’exemple à tous ceux qui l’ont imitée. Nous pensons y avoir réussi, mais là ne devait pas s’arrêter notre initiative, la municipalité a voulu plus ; envisageant les difficultés auxquelles se heurtent les grandes familles, dont la mère bien souvent, est obligée de travailler au dehors pour subvenir aux besoins de la famille, et elle a estimé qu’une crèche était le corolaire de la goutte de lait ; elle l’a voulue extra-moderne, pouvant abriter 75 enfants qui reçoivent chaque jour des soins les plus éclairés dans une atmosphère d’hygiène impeccable.

 

       Après un passage applaudi, consacré à la nouvelle école maternelle, M. Couturier dit encore :
 

     “ Malgré tous les efforts faits pour sauvegarder l’enfance, les statistiques ont démontré que la natalité diminuait d’une façon inquiétante. La syphilis et la tuberculose sont deux maux implacables qui déciment nos populations. Certes la science cherche dans le silence des laboratoires, à vaincre ces fléaux, mais en attendant, l’on ne peut nier que des mesures préventives s’imposent. Nous nous sommes inspirés de cette nécessité en faisant construire un dispensaire avec le dernier perfectionnement. Ouvert depuis une année seulement, il a donné ses soins à plus de 2.000 malades : n’est-ce pas la preuve évidente que sa création s’imposait.


      “ S’il faut prévenir la maladie, il faut aussi soigner ceux dont la santé est ébranlée. Nous n’avons pas hésité davantage dans cette voie : notre hôpital était, non seulement insuffisant, mais son organisation et ses services étaient périmés. Nous l’avons modernisé en édifiant de nombreuses salles et chambres particulières et une maternité des plus appréciées. Le service de chirurgie a été approprié aux exigences de la science moderne. Enfin un splendide pavillon de vieillards vient d’ouvrir ses portes. Ces transformations et améliorations nous ont permis en 6 années, de porter le nombre de lits de 160 à 400.


       “ Non seulement la municipalité de Fécamp n’a reculé devant aucune dépense pour sauvegarder la santé de sa laborieuse population, mais 60 communes rurales profitent gratuitement de ces réalisations. Le dispensaire est entièrement gratuit pour tous, il y a toujours un lit d’hôpital prêt pour recevoir tout malade d’où qu’il vienne.


      “Si nous avons fait le nécessaire sous toutes les formes pour les enfants, nous n’avons rien négligé non plus pour l’instruction. Si les municipalités précédentes avaient doté notre ville d’écoles communales modernes, le Collège et l’école primaire supérieure étaient installés dans un local désuet. Nous avons compris, par ces temps nouveaux, que le développement d’une instruction supérieure devait être à la portée des fils de la démocratie. S’inspirant de ce principe, un magnifique établissement a été construit à flanc de coteau dans un cadre splendide qui fait par son site, l’admiration de tous.

      “Si une ville doit sa vitalité à son activité, la population a aussi droit au repos dans un cadre approprié et à disposition de tous, ce lieu de paix s’impose d’autant plus aujourd’hui que la route est à peu près interdite à ceux qui ne disposent pas de moyens de transport. Pour parer à ces difficultés, nous avons acquis un parc splendide, à quelques minutes du centre de la ville, qui comporte de superbes sous-bois, de magnifiques pelouses. Les travailleurs peuvent non seulement s’y reposer des fatigues de la semaine, mais nos enfants, nos colonies de vacances peuvent prendre leurs ébats, respirer l’air à pleins poumons et fortifier leur santé. Ce parc vient heureusement compléter ce que nous avons réalisé. Voici la tâche que nous avons assumée avec le concours de la ville, de personnes généreuses et des pouvoirs publics.”

 

     Les paroles de M. le maire de Fécamp furent vivement applaudies.


     M. Bureau prononça ensuite un toast délicat au nom des parlementaires de la Seine-Inférieure et des conseillers généraux. En louant les heureuses initiatives des fécampois il fit un très bel hommage du travail et sut être brillant en son improvisation. Après avoir dit à son tour son admiration pour les œuvres sociales qu’il venait de visiter, M. le préfet Le Beau fit une excellente description du département qu’il administre. Il vanta l’esprit de réalisation des normands puis après avoir salué M. Laurent  Eynac, il porta son toast à la santé de M. le président de la République Albert Lebrun.


     Enfin, M. le ministre des Travaux publics excusa M. Paganon qui, au dernier moment, n’avait pu présider les fêtes de Fécamp et, aussitôt, il dit sa gratitude à la municipalité de la cité pour ce qu’elle a fait à l’attention des enfants, des mères, des malades.

    Rapprochant cette œuvre magnifique de la cérémonie patriotique qui, le matin, s’était déroulé sur la place Thiers, M. Laurent Eynac évoqua la pensée de Pascal : “La meilleure façon d’honorer les morts est de faire ce qu’ils auraient aimé faire eux-mêmes.”

     Après voir ainsi rendu un bel hommage à ceux qui n’ont point négligé leur travail et leur temps pour assurer à leurs concitoyens la santé et la vie, le ministre aborda les grands problèmes de l’heure présente auxquels les français ne songent point sans inquiétude :


      Mis en face des dures réalités de la crise, le Parlement a fait confiance au gouvernement en lui déléguant les pleins pouvoirs qu’il avait revendiqués. A notre tour, nous avons fait tout notre devoir. Nous avons fait résolument face à la situation présente. Nous avons pris toutes nos responsabilités.


      En vérité le gouvernement a marqué la confiance qu’il avait dans la nation et la nation a répondu par un acte de foi. Conduire la France vers le retour à la vie normale, permettre la reprise de l’activité économique, le retour à la facilité des affaires, tel est le but que nous poursuivrons sans trêve et pour lequel nous demandons au pays de nous aider.
Trop longtemps, les ombres ont succédé aux clartés, les menaces aux éclaircies. Il faut désormais que la France – toute la France – fasse entendre sa voix et rassemble ses forces toujours puissantes autour de l’effort gouvernemental. Chacun doit être maintenant, non un spectateur désabusé, mais un acteur dans le plus grand drame de salut national qui se joue présentement.

     Son discours achevé, M. Laurent Eynac remit aux applaudissements de l’assistance, des distinctions dans les ordres suivants :
 

- Officiers de l’instruction publique,

- Officiers d’académie,

- Officiers et Chevaliers du Mérite agricole, à différents convives.