FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS LA RUE - Les Cavalcades
Gravure de la Bénédictine : Louise ABBEMA     
Dernière mise à jour 03 janvier 2018

     Journal de Rouen : 2 juillet 1913 :
 

      Une belle série de fêtes va s’ouvrir vendredi prochain à Fécamp.

A l’occasion du cinquantenaire de la Bénédictine, il y aura vendredi soir au casino une représentation de gala, par la tournée Baret, de Servir, de Lavedan, pièce patriotique qui a obtenu l’hiver dernier à paris le plus vif succès.
 

      Le samedi 5 juillet : Fête du Cinquantenaire de la Bénédictine. Voici le programme :
 

     À 8 h.45, réunion à la Bénédictine, réception des invités ; à 9 h.30, grand’messe en musique a l’abbaye de Fécamp, avec le concours de l’Harmonie de la Bénédictine et de plusieurs artistes ; à 11 h.30, Inauguration et bénédiction des nouveaux bâtiments par Mgr Fuzet, archevêque de Rouen, et Mgr Lemonnier, évêque de Bayeux ; à midi, salle des Abbés, déjeuner offert aux membres du clergé et de la presse ; a 3 heures, concert dans le square de la Bénédictine, visite générale de l’établissement et du musée ; a 4 heures, réunion dans la salle des Abbés : allocutions par MM. Watel-Dehaynin, président du conseil d’administration, et Marcel le Grand, directeur général ; discours de M. Henri Vermont, ancien bâtonnier, administrateur de la Société Bénédictine ; distribution des récompenses au personnel, à 6 h.30, banquet.
     Le soir, embrasement des établissements de la Bénédictine.

Un grand feu d’artifice sera tiré à dix heures, entre le chalet Bois-Rosé et le calvaire de la falaise. Pendant et après le feu d’artifice concerts au casino. Le public pourra assister à la cérémonie religieuse du matin et au concert de l’après-midi. Le lendemain on pourra visiter comme de coutume.
 

     Le dimanche 6 juillet :  Fête organisée par la Société Commerciale. Régates de bateaux modèles et Festival de musique. 19 sociétés prendront part à ce festival. En voici la liste :
 

Harmonie de la Bénédictine, Fanfare Municipale de Fécamp, Harmonie Maritime, le Havre ; Harmonie de Garches (Seine-et-Oise) ; Fanfare Etoile Lyrique de Malaunay, Harmonie de Falaise, Fanfare de trompettes La Fraternelle de Doudeville, Harmonie Elbeuvienne, Fanfare de Caudebec-les-Elbeuf, Harmonie de la Couture-Boussey (Eure), Harmonie d’Ivry-la-Bataille (Eure), Harmonie de Fresnay-sur-Sarthe (Sarthe), Fanfare de Grand-Quevilly, Harmonie de Petit-Quevilly, Union Fraternelle de Saint-Ay (Loiret), Fanfare de Montivilliers, Fanfare de Pavilly, fanfare de Sassetot-le-Mauconduit.

 

     Pendant la journée, concerts, fêtes de quartier ; exécution de la Marseillaise par toutes les sociétés (960 exécutants).

     Le soir, grandes illuminations. Au casino, matinée et soirée cinématographiques.

Les Fêtes de la Société Commerciale des Fêtes


    Journal de Rouen : 7 juillet 1913

      Fécamp, 6 juillet.

      Les fêtes d’hier, entièrement consacrées au cinquantenaire de la Bénédictine, ont eu aujourd’hui leur pendant. Cette fois-ci les réjouissances sortaient du cadre somptueux de l’établissement de la rue Théagène-Boufart pour s’épanouir dans tous les quartiers, et cela grâce à la Société commerciale des fêtes qui en était l’organisatrice, et à son dévoué président M. Julien Jouette.
 

      Les habitants de Fécamp s’étaient endormis sur le coup d’une heure avec les yeux pleins encore de merveilles pyrotechniques qui leur avaient été offertes. Ils ronflaient donc à poings fermés ce matin, lorsqu’une fanfare bruyante vint les tirer de leurs rêves. C’étaient les trompettes des pompiers de Fécamp qui dans l’air frais soufflaient à pleins poumons les sonneries les plus brillantes. Rien n’est plus gai, en vérité, qu’un réveil en fanfare, mais pourquoi diable forcer les gens à se lever dès six heures du matin.
 

      Donc, de bonne heure, la ville présenta une vive animation ; cette animation augmenta toute la matinée au fur et à mesure qu’arrivaient par les trains ordinaires et supplémentaires les sociétés musicales appelées a prendre part au festival de musique, et de cette animation les commerçants profitèrent largement.
 

      Cependant qu’aux terrasses des cafés les “fanfareux” cassaient la croute et tuait le ver, le public se dirigeait vers le pavillon du Marché où étaient exposés les bateaux modèles devant prendre part aux régates. Vraiment gentille cette exposition, et quelles exclamations de joie elle provoque chez les enfants, car ces bateaux modèles sont plutôt des jouets de petits garçons que des embarcations appelées à prendre part à une épreuve nautique. Ils n’en sortent pas moins des principaux chantiers de construction de Fécamp et du Havre, les plus grands mesurent un mètre cinquante de long et tous sont gréés comme des yachts de course. Il n’est pas de bazar qui en contienne d’aussi beaux et il est bien malheureux qu’ils ne soient pas à vendre.
 

      Un jury, composé d’hommes compétents et sévères, les passe en revue tout comme s’ils étaient de grands bateaux. Mais cela ne suffit pas d’avoir bonne allure sous un pavillon de marché. Il faut prouver qu’on a des jambes quand on est petit bateau et qu’on tient bien la mer.
 

       C’est donc à deux heures et demie, dans le bassin Bérigny que nous allons retrouver nos concurrents. Tenus en main par leur propriétaire, ils attendent l’instant d’être lancés dans l’élément liquide. Attention, voilà le signal ! Pan ! Telle celle de l’invincible Armada, la flottille cingle d’un quai du bassin à l’autre quai. Les voiles blanches s’enflent sous la brise de “nordai” qui vient du large, elles filent ces petites embarcations ! Malheureusement personne n’est à bord, ou si quelque lilliputien a pris place à la barre, il faut croire qu’il vient de lâcher son poste, car voici que de singuliers abordages se produisent : des beauprés s’enchevêtrent, des cordages se mélangent, des poulies grincent et d’immaculées voiles blanches se couchent doucement dans les flots. C’est la catastrophe, sans victimes heureusement, mais qui va mettre le jury dans le plus cruel embarras, car comment s’y reconnaitre dans tout ce fouillis, dans ce cafouillage, comme on dit en termes sportifs ?


       Les jurés, après concertation, décident de classer seuls les concurrents havrais qui portent des numéros. Et voici le résultat de résultat de cette série :
 

1° Série de 1 m.30. – 1. M. Gohier (Voltigeur), 2. M. Foucher (Clair de lune), 3. M. Perrot (Madeleine), 4. M. Issen (Cygne).
2° Série de 1 mètre. – 1. M. Goumont (André), 2. M. Foucher (Auna II), 3. M. Perrot (Mon rêve), 4. M. Leroux (Sensitive), 5. M. Lebertois (Etoile).

3° Série de 70 centimètres et au-dessous. – 1er et 2°, M. Foucher, 3. M. Goumont, 4. M. Perrot, 5. M. Lefebvre, 6. M. Perrot, 7. M. Goumont.
 

      Comme de nombreuses réclamations se sont produites parmi les concurrents fécampois, le jury remet à demain sa décision en ce qui les concerne.

Et maintenant allons faire un petit tour dans les principaux carrefours de la ville. Chacun d’eux est transformé en un orchestre autour duquel le public se masse. C’est ainsi que nous entendons :
 

Sur la place Thiers, l’Harmonie Elbeuvienne ; sur la place de l’Hôtel de Ville, l’Harmonie de Petit-Quevilly ; sur la  place des Halettes, l’Etoile Lyrique de Malaunay ; Dans la rue Arquaise, la Fanfare de Pavilly ; sur la place Saint-Etienne, l’Harmonie Républicaine d’Ivry-la-Bataille ; sur la place du Panier-Fleuri, l’Harmonie de Garches ; dans la rue de la Plage, la Fanfare de Sassetot-le-Mauconduit ; sur le Grand-Quai, la Fanfare de Saint-Ay ; sur le quai Vicomté, la Fanfare de Grand-Quevilly ; et dans la rue de Rouen, l’Harmonie de Montivilliers.
 

      Chacune de ces musiques exécute des morceaux choisis qui soulèvent de chaleureux applaudissements. Même succès pour la Musique Municipale de Falaise qui donne concert sur la place de la Mâture, et pour la Fanfare de Caudebec-les-Elbeuf qui joue place du Bureau-de-Port. On ne peut faire un pas dans Fécamp sans entendre un allegro, une fantaisie de Tavan ou quelque pot-pourri joyeux. C’est à en perdre la tête.
     
À quatre heures, l’Harmonie de la Couture-Boussey donne concert sur le quai Bérigny et la fanfare de Grand-Quevilly sur le Grand-Quai. A six heures, toutes réunies, les sociétés jouent une ultime Marseillaise. C’est la fin du festival.
 

      Le temps d’aller diner et dès la tombée de la nuit, les fécampois sont à nouveau dehors, admirant une fois de plus les décorations et illuminations dont chaque quartier s’est paré. Puis, à nouveau, des airs enlevants se font entendre qui convient les danseurs à prendre leurs ébats, et à minuit la ville reprend son aspect ordinaire…. et chacun s’en va coucher. Pourvu que ce matin les pompiers ne s’avisent de resonner le réveil en fanfare !

      Journal de Rouen : 8 juillet 1913

 

      Régates de Bateaux-modèles : Voici les résultats des régates de bateaux modèles, en ce qui concerne la section fécampoise.

 

Série de 1 m.30. – MM. A. Capon n° 12 (Jean) ; 2. A. Bertel n°39 (Croissant) ; 3. Dehilotte n°14 (H.14). 4. Constantin n°4 (Alcyon)
Série de 0,70 à 1 mètre. – 1.MM. Magnan n°33 (Jacqueline) ; 2. Enault et Palfray n°1 (X…) ; 3 Caudebec n° 30 (Suz.-M. Thérèse) ; 4. Morgan n°18 (Laisse-dire) ; 5. V. Capon n°40 (Lucienne).

Série de 0,70. – 1. MM. Grancher n°32 (Jean) ; 2. Desjardins n°6 (Dhmq3) ; 3. Panel n° 25 (Croissant) ; 4. Poret n° 48 (Etoile-bleue) ; 5. Guérard n°21 (Ouedeck) ; 6. Desjardins n°8 (Dhmps-I) ; 7. Gilet n°19 (Sainte-Julienne).

Course finale (d’honneur). – MM. Dehilotte et Capon n°14 (H.-14) ; 2. Foucher n°1 (Clair-de-Lune) ; 3. Capon n°12 (Jean)

Canot-automobile. – Minimus, appartenant à M. René Legros.

 

 
                                                                                                                                                                                                                                                             ?