FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS LA RUE
Dernière mise à jour : 05 février 2018


LA BATAILLE DE FLEURS
 

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Sur la Digue, - Au Casino,- Les Concerts, Les Récompenses

 
     Lorsque nous atteignons le Casino, la terrasse du café est déjà comble : on a assiégé les tables, et je crois bien qu’il s’en ait fallu de peu que l’on envahisse aussi la grande salle des fêtes. Sur la digue, plusieurs rangs de spectateurs s’échelonnent ; et il entre encore du monde par les trois entrées qui donnent accès à la digue !...

 

     La falaise elle-même est couronnée de spectateur, qui se sont assis par groupes et font une longue tache noire sur le vert crû des herbes folles.

Les marchands de fleurs se multiplient ; ils vont et viennent, les bras chargés de bannettes fleuries que l’on s’arrache ; car tout le monde est fiévreux, tout le monde brûle du désir “d’entrer dans la fournaise” Et la voici qui commence, la fournaise ! et je vous garantis qu’elle est ardente. Lentement, sous le feu croisé des projectiles parfumés, les voitures défilent devant digue et dans la cour du casino. Brr ! Brr ! la terrible bataille, et comme vous y alliez, mesdames, vous en qui l’on pensait devoir personnifier la douceur et la tendresse. Fitche ! quelles caresses… frappantes que les vôtres, et comme vos mains de velours, finement gantées, eurent des gestes lestes et des mouvements brusqués !
 

     On ne respecta rien, absolument rien, ni les toilettes des dames, ni les redingotes des commissaires, pas même les chapeaux de forme des malheureux journalistes ! comment voulez-vous prendre des notes, quand vous avez la figure aveuglée par des pétales de roses et les sens grisés par des parfums troublants ? et pourtant, il faut avant tout accomplir le devoir professionnel.
 

     Et voici, au hasard d’un crayon peut être infidèle – cette bataille lui donnant mauvaise mine – quelques noms de notabilités aperçues, luttant bravement contre cent, en dépit des éclats de la mitraille…. Et de rire : MM. Renault, premier adjoint, représentant M. le maire de Fécamp, président d’honneur du comité ; Soublin, deuxième adjoint ; Fleuret, président du tribunal de commerce ; le comte et la comtesse de Léché, Mme de Prahas, MM. Poret, Dupré, Valliez, conseillers municipaux ; Gaillandre, commissaire-priseur ; les familles Fleuret, Lemetais, Gilles, Bellet, Chancerel, Dubosc, Legros, Mauge, Chédru, de Nesmond, le Brun, Imbert, Coulanges, Acher, Handisyde, etc., etc. on me pardonnera sans doute les omissions – si regrettables – que l’avalanche des fleurs m’a obligé de commettre.
 

     Mais les munitions s’épuisaient ; le combat cessa, non faute de combattants, mais faute de fleurs. Aussi bien, l’heure de la distribution des récompenses avait sonné. Les voitures passèrent au pied de la terrasse, où des mains expertes les ornèrent de bannières, des flots de ruban, de tambourins d’une richesse et d’une élégance qu’il n’est pas sans intérêt de souligner.

     Pendant ce temps, et tandis que s’achevait la bataille de fleurs, nos deux grandes musiques fécampoises : L’Harmonie de la Bénédictine et Les Enfants de Fécamp faisaient apprécier, à tour de rôle, la sureté de leur direction et l’homogénéité de leur ensemble.

      Les Enfants de Fécamp interprétèrent le joli programme que voici :

 

1. Moscou, allegro (Allier) ; 2. Le Grand Mogol, fantaisie (Audran) ; 3. Parade aux flambeaux (Guillement) ; 4. Etoile de mer, valse (Melodia) ; 5. Daumesnil, marche (Andrieu)


     L’Harmonie, sous l’habile et autorisée direction de son chef, M. F. Moreau, jouait pour le charme des auditeurs, la Marche du Tanhauser, l’ouverture de Poète et Paysan, la Marche au Supplice (toujours si prenante) et le Pré aux Clercs.


     D’ailleurs, les spectateurs de la digue étaient eux aussi favorisés au point de vue musical, puisqu’ils pouvaient apprécier les deux sociétés de Goderville et de Gonneville, qui jouèrent les morceaux suivant : Menuet Chantilly (Kelsen) ; Ouverture (Janvier) ; Gyptis, fantaisie ; Charmante valse.
 

      Nous croirions manquer à un devoir, en ne félicitant pas ces deux gracieuses sociétés normandes. Elles ont droit à la reconnaissance du public, et personne ne la leur marchandera, j’en suis certain.
 

     Je ne vous parlerai point du retour ; ce furent, par les rues pavoisées et fleuries, les mêmes applaudissements, les mêmes acclamations, la même joie, la même gaieté, le même entrain qu’à l’aller. Place de l’Hôtel-de-Ville, au milieu de l’enthousiasme populaire, eut lieu la dislocation de ce cortège fleuri, dont on ne dira jamais assez la réussite, et dont nous garderons longtemps à Fécamp le joyeux souvenir.