FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS LA RUE  - Les fêtes des fleurs
Page créée le 10 novembre 2017
 

    
FÊTE DES REINES - Le cortège fleuri (première partie)


     Journal de Fécamp 19 juillet 1933

     Ce soir il y aura trois jours que la fête des Reines est passée et cependant elle fait encore l’objet de toutes les conversations, chacun rappelant un détail oublié, un incident comique aperçu, un bon mot entendu, et tout le monde de tomber d’accord pour dire que tout fut parfait et digne de la réputation, méritée par les succès passés, que Fécamp possède, de savoir bien faire les choses.

      Nous avons donné dès lundi un aperçu d’ensemble de la fête, de son caractère joyeux et animé, et dit le plaisir éprouvé par la foule immense qui se pressait sur tout le parcours, sans ne se lasser jamais du spectacle attrayant qui s’offrait à sa vue.

Aujourd’hui nous allons essayer de décrire le cortège, trop heureux si nous pouvons en faire ressortir, comme il convient, la beauté, et surtout le dévouement des organisateurs et de tous ceux dont le talent et le bon goût furent mis à contribution pour donner à cette manifestation ce ton artistique et de belle allure qui la caractérisait.

     Peut-être ferons-nous quelques omissions ? Elles seront toutefois involontaires et l’on nous pardonnera, La crainte d’en faire ne saurait nous contraindre à passer tous les détails sous silence.
 

      Le matin, les habitants de Fécamp eurent une joyeuse surprise. Des notes martiales et allègres retentissaient à tous les carrefours des rues. C’étaient les volontaires des Hallettes (chef M. Baron), qui continuaient ainsi, avec brio une vieille coutume. Et plus d’un évoquait le souvenir du temps où les fameux Trompettes de la Renommée, à cheval avec leur collant couleur chair et leur tunique dorée, précédés d’un héraut annonçant le programme des réjouissances, avertissaient, eux aussi, les habitants que ce jour-là était jour de liesse.

Ce prélude de la fête était de bon augure et l’on peut dire que les plus paresseux se dépêchèrent afin de ne pas manquer au rendez-vous qui leur était si gaillardement donné.

      Nous laissons à penser combien toute la matinée, les reines, les demoiselles d’honneur, les membre des comités de quartiers et tous ceux qui devaient prendre part au cortège, furent affairés. À la dernière minute il manque toujours quelque chose, et vite il parer à l’imprévu.

Enfin, à 13 h. 30, tout était en ordre et peu après le défilé commençait, au milieu des cris de joie et des applaudissements des spectateurs.

En tête toujours l’air jeune et bien campé sur son fringant anglo-saxon, et pour ne pas faire mentir le dicton fécampois : “T’ai pâ fô, t’as queque fais vu eune cavalcad’ sans Joseph Devaux ?”, ce dernier s’avançait avec fière allure, dans son impeccable costume à la française.

Sur tout le parcours, il reçut force compliments des nombreux amis qu’il compte dans notre ville.

      Puis venait la voiture du Comité général des Fêtes, représenté par MM. Charles Mail et André Lanquetuit, assurant la bonne marche du défilé, accompagnés de M. Carlo, commissaire de police qui, avec l’aide de ses agents, avait organisé le service d’ordre, nous avons déjà dit avec quel tact parfait.
 

      La Lyre Maritime, conduite par son dévoué chef, M. Lacorne, précédait les premiers chars :

Ceux du Quartier des Hallettes, en premier lieu une voiture fleurie, mise à la disposition du Comité par M. Sébire, boucher, et où nous reconnaissons MM. Baudard, Granger et Jillet, trio infatigable d’organisateurs.

      Ensuite, le Char du Clair de Lune, toujours agréable à voir, avec ses charmants pierrots tout enfarinés. Ce char avait été aménagé par les soins de M. Acher, menuisier, sur la voiture de M. Drouet, qu’avait fleurie M. Levicq et ornée de tapisseries des maisons Potoms et Verdier.

      Le très amusant Char de la T.S.F., évoquant par ses deux pylônes d’une ascension célèbre, construit par MM. Senay fils et au milieu duquel avait pris place le jazz du maestro L’Hérondel, régalant le public de ses meilleurs morceaux d’accordéon.

      Le Char de la Reine des Hallettes, conçu par M. Raymond Lecoq, construit par M. Henri Argentin, charron, rue Queue-de-Renard, traîné par les forts chevaux de M. Titaire camionneur. Grâce à M. Levicq, c’était un véritable parterre, où les fleurs étaient à profusion, qui s’avançait, formant un cadre digne d’elles : à la reine, Melle Raymonde Buray, et à ses demoiselles d’honneur, Mlles Hélène Déhais et Odette Baumelle, dont les toilettes avaient été confectionnées, pour la reine par Mme Charbonnier, rue des Forts, et pour les demoiselles d’honneur par Mme Charlemagne, rue Saint-Etienne. Deux habiles cavaliers, costumés en mousquetaires, MM. Delamare et Allegaert, escortaient ce premier groupe.

     Derrière l’Avant-Garde d’Angerville-la-Martel, qu’accompagnait son président, M. Panchout, c’est le quartier de l’Hôtel-de-Ville qui s’avance. D’abord la voiture du Comité, ornée par Mme Vaquin et M. Mail, où se trouvent MM. Vaquin et Delauné.

      Ensuite le Clos des Abeilles, où papillons, abeilles et libellules rivalisent de gentillesse. Exécuté d’après les plans de M. A.-P. Leroux, par les soins de M. Adam, orné par M. Jeanne, horticulteur, et agrémenté de décors rustiques où l’on reconnait le coup de pinceau bien personnel de M. Grugeon, ce char est vraiment artistique et, sous les chauds rayons du soleil, le toit de chaume de sa ruche produit le meilleur effet.

      Le Panier fleuri, d’où émergent, comme des fleurs vivantes, la souveraine du quartier, Melle Odette Lethuillier et ses demoiselles d’honneur, Mlles Anne-Marie Lemarchand et Renée Delauné, est vraiment remarquable par sa sveltesse gracieuse et sa parfaite décoration. Il soulève sur son passage les approbations les plus flatteuses et il fait le plus grand honneur à M. Lemarchand, qui en conçut l’idée ; à M. Georges Argentin, constructeur de navires, qui l’édifia, avec le concours de la maison Malandain, et à M. Vaquin père, vice-président d la Société d’Horticulture, qui avait pris soin de l’ornementation florale. Ce char devint par la suite celui de la Reine des Reines, et cette coïncidence était des plus heureuses, car il est certain que ce délicieux panier fleuri avait bien des fervents et qu’il était le cadre rêvé pour symboliser la grâce et la jeunesse. La robe de la Reine avait été faite par Mme Stehlé, et celles des demoiselles d’honneur étaient l’œuvre de la maison Fertile.
 

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