FÉCAMP-FESTIF - la FÊTE DANS LA RUE
Dernière mise à jour 13 février 2017

    Journal de Rouen 13 et 14 juillet 1914
 
    La Société commerciale des fêtes de Fécamp a donné aujourd’hui, au milieu d’une foule considérable, une cavalcade de bienfaisance au profit des pauvres, de l’œuvre de Lait et de l’œuvre de la Crèche.

     La fête avait été fort bien préparée, et il faut en féliciter MM. Jouette, président ; Millet et Selle, vice-président ; Victor Le Berquier et Labbé, secrétaires ; Charpentier et J. Devaux, trésoriers, ainsi que les présidents des sept sections qui s’étaient partagé la ville pour recueillir des souscriptions et confectionner des chars, MM. Chédru, Petit, Sorel, René Legros, Louis Solsou, Adrien Constantin et René Gayant ; tous ont été aidés de multiples collaborateurs de bonne volonté. L’union et l’entrain ont été au-dessus de tout éloge.


 
PHOTOS : Louis JOURDAIN  
 

     Le cortège qui comportait plus de cinq cents figurants s’est formé vers midi, en deux parties, l’une boulevard Guy-de-Maupassant, l’autre route de Rouen, qui se sont réunis place des Halettes. Et alors a commencé le défilé. En tête, marchaient un peloton de gendarmes à cheval de Goderville et Criquetot, et la Société de trompettes l’Etendard d’Yvetot, avec son chef M. Durand. Le char de la goutte de Lait (1) venait ensuite, char humoristique et gracieux, où une plantureuse nounou, Mme Frébourg et de nombreux enfants glorifiaient l’œuvre du « bon docteur Dufour » (2) M. Drony fils avait exécuté un « voyage de noces en 1830 » (3) d’un caractère historique intéressant. M. et Melle Barn, enfants du sympathique maire d’Epreville et conseiller d’arrondissement, personnifiait les jeunes époux !
 

     Un groupe de musiciens Havrais, sous la direction de M. Armand « les Enfants de la côte salée ! » huit jeunes filles travesties en Mexicains et Mexicaines et quêtant avec une grâce parfaite ; le char de la musique municipale, dirigée par M. Claudel, venait ensuite, précédant un char splendide la Caravane Gauloise, très belle reconstitution d’un retour d’expédition des Arvernes, ramenant leur butin. Deux groupes comiques formés par deux couples havrais « briquet pincé par un rat de cave » et un « agent policier avec son chien » ont été très goutés.
 

     La vaillante « clique » de l’harmonie de la Bénédictine précédait le défilé du cirque des « Enfants chéris » de la troisième section, le gros numéro humoristique du cortège avec ses amazones charmantes, ses clowns, ses acrobates, ses musiciens, ses hommes animaux qui ont déchainé le fou-rire, une série de bateaux et d’aéroplanes a été très applaudie avec les noms de Pégoud, Levasseur et Poiré.


 
PHOTOS : Louis JOURDAIN   

     Après le char des trompettes, des sapeurs-pompiers de Fécamp, c’était celui de la revue des revues, où figuraient tous les types locaux des revues composées par MM. Adrien Constantin et Charles Dubosc. On chantait là les couplets les plus populaires de ces revues et une chanson spécialement composée par M. A. Constantin, en l’honneur des organisateurs.
      Après le char de l’Harmonie de la Bénédictine, avec son chef, M. Moreau, venait celui de la ville de Fécamp, de son commerce et de son industrie, personnifiés par MMelles Dessole, Grenier et Chéret. De nombreuses jeunes filles, en écharpe tricolores, y vendaient les produits de la localité (4)
Le char de la ferme normande, (4) œuvre artistique du peintre M. A. Leroux et M. Hariel, entrepreneur, avait un cachet provincial remarquable. Une noce villageoise, en brouette, apportait la note comique.

      Enfin, après les amis de Diane, de Lillebonne, venait un groupe curieux, un retour de chasse au moyen-âge, avec trente chiens de la superbe meute de M. et Mme Prévost de la Moissonnière, et un char garni de peaux de sangliers. On a fait un gros succès à cette fin de cortège.
Aux trois quarts de l’itinéraire, place Thiers, à cause des ondées qui étaient tombées, le costumier, M. Feurtin-Hervieu, du Havre, décida de ne pas laisser continuer la cavalcade. Une partie du cortège acheva l’itinéraire et l’autre se disloqua. Il ne plut pas ensuite et le public fut navré de la décision prise par le costumier.

     La foule afflua vers la place des Halettes, ou le groupe du retour de chasse effectua la curée au son des trompes de chasse. Partout dans la ville, l’animation fut vive et se prolongea toute la soirée.
Nous parlerons dans un prochain numéro de la fête de nuit, qui n’a pas été la partie la moins réussie de ces belles réjouissances fécampoises.
Journal de Rouen 13 juillet 1914 - Archives départementales de Seine-Maritime - cote JPL 3_250
 
     Après la cavalcade :
     Le comité de la fête de dimanche estime à 500 francs le préjudice qui lui a été causé par l’interruption de la cavalcade. Le concert public qui devait avoir lieu le soir place Bellet, a été à la suite de ces incidents remis à aujourd’hui mardi à cinq heures. Le char de la Revue des revues y figurera et la tombola organisée avec les numéros de la chanson de la cavalcade, sera tiré comme il avait été annoncé.

     La séance de cinéma sur la place de l’Hôtel-de-Ville n’a pas pu avoir lieu à cause d’une avarie imprévue. Elle a été donnée hier lundi. L’Animation a été très vive dimanche soir et lundi toute la journée ; Le cirque du boulevard des Bains a remporté un succès complet.
La gare a enregistré samedi et dimanche 4 800 arrivées, dont 3 800 pour la seule journée du 12, où l’on a compté 3 400 départs. Les organisateurs ont donc atteint le but cherché.
Journal de Rouen 14 juillet 1914 - Archives départementales de Seine-Maritime - cote JPL 3_250