FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE EN SALLE
 Dernière mise à jour : 24 février 2017
 

      Journal de Fécamp : 2 septembre 1889
 

     Dimanche 8 et lundi 9 septembre, Les Cancans de Fécamp Grande revue féerique locale, entièrement nouvelle, anecdotique, critique, populaire, patriotique en un prologue, trois actes et huit tableaux, à grand spectacle, par un “habitant de Fécamp.” 

      Nous ne sommes pas encore dans la série des revues locales, le genre est nouveau !
Un “premier essai ” 3 ans auparavant, à la salle du Val-aux-Clercs a été couronné de succès. Un anonyme tente de reprendre le flambeau, cette fois au Casino, le sujet n’est pas du goût de tout le monde, surtout que, visiblement l’auteur recherche - entre autres - la polémique avec la presse !
     Cela ne pouvait, naturellement rester sans réactions !!

 
     Journal de Fécamp : 07 septembre 1889 :

     Demain dimanche et lundi, les Cancans de Fécamp, grande revue féerique locale, - entièrement nouvelle, anecdotique, critique, populaire, patriotique, - un prologue, trois actes, huit tableaux, - par “un habitant de Fécamp.”. Il faut s’attendre à un succès de curiosité.
 
    Journal de Fécamp : 10 septembre 1889 :

     Il fallait bien s’attendre au “succès de curiosité” qu’a obtenu la revue locale des Cancans de Fécamp. C’est hier comme avant-hier, devant une salle bien garnie que cette “œuvre” a été jouée. La troupe de M. Lejolivet s’est employée de tout son zèle, nous devons le reconnaitre, à la rendre “amusante”. – à “faire rire”, comme le voulait son auteur.

     En somme, s’il y a quelques scènes dont l’originalité ne peut être contestée et qui ont atteint le but que se proposait M. X …, l’auteur, elles sont l’exception, et ne compensent pas la médiocrité et la monotonie des autres, dont certaines, d’un absolu mauvais goûtLors de la première représentation, un incident, entre autres, a fait un joli scandale :

      Une artiste de second plan, chargée dans le tableau du Casino, de figurer une des baigneuses en flânerie sur la terrasse, a eu la singulière fantaisie d’imiter “textuellement”, dans son costume et dans ses gestes, une des habituées les plus en vue de notre plage. On voit d’ici l’effet produit… La victime de cette mauvaise plaisanterie, qui assistait à la représentation, assise aux premiers rangs des fauteuils, se dresse indignée et proteste. L’actrice sur un signe du chef d’orchestre, quitte la scène ; mais le coup avait porté… la délinquante en a été quitte pour une amende… douce, dit-on.

     Directeur et régisseur ont juré leurs grands dieux, et c’est ma foi ! bien possible, qu’ils en étaient les premiers …demeurés bleus. Le Journal de Fécamp dit cependant, à propos de cet incident , et non sans raison : “M. Lejolivet ne devrait-il pas être maître de ses acteurs ? Sous son prédécesseur, M. E. Dugard, de pareils faits d’indiscipline ne se sont, et ne se seraient jamais vus. M. Dugard non plus n’aurait pas laissé représenter une pièce de ce genre, sans la revoir et la corriger soigneusement, de façon à éviter toute atteinte à l’individualité…”

     Car il parait que l’individualité (et bien autre chose avec) n’a pas eue que là à souffrir des “joyeusetés” de la pièce…Les Cancans de Fécamp auront fait époque dans les annales de notre Casino, mais pas précisément au bénéfice du bon goût. Enfin, on ne fait pas tous les jours des chefs-d’œuvre ! L’été prochain nous seront peut-être mieux servis…Il ne faut jamais douter du lendemain…L’optimisme, n’y a que ça !

     Et d’ajouter : l’auteur, qui ne pouvait dans cette revue locale manquer de personnifier les journaux de Fécamp, les a assez vilainement “campé ”pour que de leur côté, ils usent à son égard d’une bienveillance qui serait en ce cas un excès de bonenfantisme. Ils le ménageront pourtant, puisqu’ils n’entreprendront pas la “dissection” de l’œuvre. Plaisons-nous simplement à dire que si l’originalité n’y entre qu’en petite quantité, la délicatesse n’y tient pas non plus la plus grande place : et tous ceux qui ont assisté à la première représentation, dimanche soir, ou le plus grand nombre, sont de cet avis.

      La conclusion nous vient du Journal La plage Normande qui déclare par la plume de son rédacteur Carolus d’Harrans

     Une troisième représentation de la revue “ Les Cancans de Fécamp” étant annoncée pour demain mercredi, nous adressons la lettre suivante : à M. Lejolivet, directeur du Casino de Fécamp :

            Monsieur,

          “ Vous représenterez demain, -sans doute pour la dernière fois (mais peu importe !) – votre revue appelée : Les Cancans de Fécamp “ Je ne connais pas – et ne cherche d’ailleurs pas à connaitre – celui de mes concitoyens, auteur de cette revue, qui y a introduit, avec la personnification du journal que je dirige, un “boniment”, dont je ne puis, je vous en préviens, tolérer une nouvelle réédition à votre théâtre. “ Et je crois, qu’il me suffit de m’adresser à vous, monsieur le directeur, pour obtenir - conformément d’ailleurs à mon droit – la suppression de ce rôle…. Trop fantaisiste. “ Je vous prie, monsieur, d’agréer l’assurance de mes sentiments distingués.”

       Le 16 septembre 1889, Charles Durand, dans le Journal de Fécamp, ferme la polémique, en adressant, malgré tout,  quelques félicitations :

     Deux compliments à faire : le premier à M. Talier, qui a peint pour cette revue fécampoise, quelques paysages du “cru” bien réussis : le quai Bérigny et le Casino principalement ; le second , à Mlle Beaucheron, chargée de personnifier la Plage Normande, qui (celle-ci) n’a pas à se plaindre de cette “incarnation”
et qui indulgente comme il  sied, n’en veut  pas à l“incarnante ”, même pas à l’auteur, victime d’une simple illusion, d’avoir prétendu que  nous étions “petit journal un peu méchant ! ”,  si nous avions bien exactement retenu les paroles du couplet…“cancanné”  sur notre compte.
 
      Nous ne connaîtrons, pas l’identité de M. X.., qui après ces réactions négatives, a préféré, rester définitivement “incognito”.

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