FÉCAMP-FESTIF - Introduction
Page créée le 16 septembre 2016

  

Congrès de l'Association Normande - Fécamp 17 juillet 1850


       À la première séance, le matin à 7 heures, il est fait part :

     - D’une lettre de M. le Ministre de l'agriculture et du commerce, dans laquelle il est demandé des renseignements sur l'usage des saumures et salaisons. Une commission, composée de MM. Corbière et Tinel, est chargée de préparer un travail pour répondre aux questions de M. le ministre.
     - D’un courrier de M. Léon Rivet qui a fait parvenir un travail sur l'état des populations, et les moyens d'améliorer leur sort.
M. Marchand lit un mémoire de M. Liépard, médecin. Diverses opinions émises par M. Liétard, sont vivement attaquées par plusieurs membres de l'Assemblée :
      M. Delalonde fait observer que les abattoirs ne peuvent qu'augmenter le prix de la viande, et reculer l'époque désirée où l'agriculture pourra donner à l'ouvrier une nourriture plus substantielle et meilleure, sous le rapport hygiénique, en faisant arriver la viande sur sa table.
      M. Guillemard présente des observations dans le même sens. M. Marchand lit ensuite une intéressante notice sur les effets du choléra dans les deux dernières épidémies de 1832 et de 1849.
       M. Ducros a la parole pour lire une notice sur un appareil de sûreté dans les machines à vapeur.

 

    À la seconde séance, à 13 heures :

     M. Fréret, président de la Chambre de commerce, lit un rapport sur le commerce et la statistique de Fécamp.
     Ce rapport constate tout d'abord que le tissage mécanique, nouvellement établi dans les villes, a porté un grand préjudice au tissage à la main. Jusqu’en 1844, il y avait 1 064 métiers à tisser dans le canton de Fécamp, avec la petite culture qui se joignait à cette fabrication, l'aisance se répandait et s'établissait dans toutes les chaumières, elle est aujourd'hui presque anéantie. La cessation de ce mode de fabrication a produit pour résultat :  Que la population des côtes se soit adonnée davantage à la mer.


     Aujourd'hui, Fécamp possède, en activité, 5 filatures de coton, mues par des cours d'eau aidés de machines à vapeur.
     Les autres établissements industriels, à Fécamp, sont :

6 moulins à huile,
6 moulins à blé, formant 25 paires de meules,
Un moulin à tan, de la force de 12 chevaux
5 scieries mécaniques qui emploient, pour le travail des bois, une force de 50 chevaux.

 

     Ces établissements sont mus par 5 chutes d'eau et 2 machines à vapeur. Un de ces établissements a joint à sa scierie un atelier pour la construction des machines pour travailler le bois, et en a fourni dans tous les grands arsenaux maritimes.
      Une fonderie de fer et cuivre, avec une machine à vapeur, est établie à Fécamp depuis peu d'années.
     Les chantiers de construction de navires sont très activement employés. Les navires qui, pour Terre-Neuve, étaient de 200 tonneaux, sont portés aujourd'hui à 400.
      Malgré cela, les ouvriers des diverses spécialités employés dans chaque profession, sont en régression.

      Il se fait, un commerce “considérable” d’importation de marchandises et de matériaux, afin de pérenniser cette activité, le président Fréret recommande, d'une manière toute particulière, à l'Association Normande le chemin de fer de Fécamp. Deux lois, la première du 19 juillet 1845, la seconde du 9 août 1847, ont consacré l'établissement de ce chemin de fer. Les délais de confection accordés par les lois de 1845 et de 1847 sont expirés, et le chemin de Fécamp n'est pas encore commencé. La ville de Fécamp a le plus grand intérêt à ce que l'exécution de son chemin de fer ne soit pas davantage retardée : seule de tous les ports, depuis Dunkerque jusqu'au Havre, elle se trouve privée d'une voie de fer. Placée entre deux villes rivales, qui possèdent des chemins de fer, elle est menacée de se voir dépouillée de son commerce, et de tomber dans une déplorable décadence. La question du chemin de fer est, pour les habitants de Fécamp, une question de vie ou de mort. Sur sa demande, l'Assemblée, à l'unanimité, émet le vœu que le chemin de fer soit fait le plus tôt possible. Ce vœu sera adressé à l'Assemblée législative et à M. le ministre des travaux publics.
 
     La discussion s'engage alors sur la question des pêcheries. M. Guillemard demande l'exécution des règlements sur la pêche, et surtout de l'ordonnance de 1844. A la demande de la suppression du chalut, M. Corbière répond, avec la ville de Boulogne, que, sur les côtes anglaises, où la pêche au chalut est largement exercée, il y a plus de poisson que sur nos côtes. La pêche au chalut ne se fait pas d'ailleurs à Fécamp ; aucun bateau ne se livre à ce genre de pêche. Cependant M. Corbière, reconnaissant l'incompatibilité de la pêche au chalut avec la pêche au hareng, demande la suppression du chalut pendant le temps de la pêche au hareng. M. Michel soutient que le chalut est incompatible avec tous les genres de pêche ; que, d'ailleurs, il sera toujours impossible de réglementer la pêche au chalut, parce que les barques en contravention savent toujours éviter les cutters qui les poursuivent, et que, d'ailleurs, les barques choisiront pour cette pêche les nuits d'orage et les nuits obscures, où les cutters n'oseront s'aventurer sur nos côtes. La prohibition complète du chalut peut seule, d'après l'orateur, prévenir les effets de cette pêche funeste. M. Michel prétend attribuer au chalut la disparition du hareng sur nos côtes ; il croit que le hareng ne vient pas du Nord, qu'il habite dans nos mers, à de grandes profondeurs et qu'il ne se montre qu'à certaines époques, à l'époque du frai, par exemple. Il essaie de démontrer cette opinion par la différence qu'il reconnaît dans la construction des harengs du Nord, et dans la construction de ceux qu'on pêche sur nos côtes. M. Michel pense que nos harengs sont une variété des harengs du Nord. M. Curmer soutient les mêmes conclusions, et demande l'interdiction des guideaux. M. Delalonde demande que l'Assemblée émette le vœu de l'interdiction absolue du chalut, comme nuisant toujours à la reproduction du poisson, et nuisant à la pêche du hareng pendant l'époque où cette pêche se fait. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Michel, Corbière, Tinel, Légal, la proposition de M. Delalonde du Thil est adoptée.

     Sur la question de l'achat du poisson à l'étranger, M. Michel demande la parole, et combat vivement cet achat ; M. Boufart parle dans le même sens.
MM. Corbière et Lemaître demandent qu'on ne permette l'introduction du poisson étranger qu'après le 10 septembre et jusqu'au 15 janvier. M. Boufart appuie cette proposition. M. Michel demande qu'on ne délivre le sel pour la pêche du hareng qu'au 15 septembre ; qu'on ne délivre le sel pour la pêche du maquereau qu'au 10 mars, et qu'en outre on exige, pour la pêche des Orcades, le même équipage que pour la pêche côtière, et le même nombre de mesures. M. Légal combat la proposition, et soutient que l'achat du poisson ne fait aucun tort à la pêche nationale. M. Delalonde du Thil combat M. Légal. Il faut, avant tout, empêcher l'encombrement de nos marchés par des produits de la pêche étrangère, et ne pas dégoûter les consommateurs des produits de la pêche nationale, en leur apportant, dès l'abord, des produits mauvais et dangereux même pour la salubrité publique.
     La proposition est excellente, puisqu'elle tranche le mal dans sa racine, puisqu'elle empêche la vente des produits étrangers de se faire sur nos marchés avant l'époque de la pêche nationale. Plus tard, si la concurrence se fait, et si le poisson acheté à l'étranger vient lutter contre les produits de notre pêche, la lutte ne sera pas longue, car les consommateurs ne se tromperont pas sur la valeur respective de ces divers produits. M. Lemaître soutient la proposition de M. Michel pour les équipages. Il demande que les armements soient sérieux.

    M. Légal propose la liberté absolue d'époques et d'armements, la surveillance sur le lieu de la pêche, la reddition de comptes au commissariat, une pénalité sévère et une Commission d'examen de la pêche faite. La division demandée étant de droit, la première partie de la proposition de M. Lemaître est mise aux voix et adoptée à une grande majorité.

     -La deuxième partie de la proposition de M. Michel, à laquelle s'est rallié M. Lemaître, est mise aux voix et adoptée à l'unanimité.
     -La révision des traités de 1839 est mise aux voix et adoptée.

     Pour la pêche du maquereau, on demande la prohibition de l'introduction du maquereau salé avant le 20 mars.  Cette proposition, mise aux voix, est adoptée à l'unanimité.

 

     La loi de 1841 a fixé un minimum d'équipages funeste à notre pêche de la morue. La Chambre de commerce demande que, dans la loi nouvelle, cette disposition soit écartée. Elle propose à l'Association normande d'émettre un vœu dans ce sens. L'Assemblée adopte cette proposition.
 

Source : Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie - Gallica - La bibliothèque numérique de la B.N.F. 

 

 

 Voir la suite : La Situation Sociale et Culturelle

 

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