CAMP-FESTIF -  La Fête dans la rue 
 
     Page créée le 20 janvier 2020 - Modifiée le 23 février 2020
   
      Selon la définition de Wikipédia, le Tour de France est une compétition cycliste par étapes masculine qui traverse la France avec des incursions occasionnelles dans les pays voisins.
 Sa première édition a lieu en 1903, pour augmenter les ventes du journal l’Auto. Il est organisée par Henri Desgranges et Géo Lefêvre, et s'élance de Montgeron[1]  le 1er juillet devant le café « Le Réveille-matin ». Il relie les principales villes françaises, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes et Paris, en six étapes, pour un parcours total de 2 428 kms.
      Après deux années d'expérimentation, le parcours du Tour part à la conquête des frontières naturelles et politiques de la France à partir de 1905. Cela amène la course à explorer les chaînes pyrénéenne (en 1910) et alpestre (en 1911), à faire des incursions en Alsace-Moselle, alors sous administration allemande. Le « chemin de ronde » voulu est bouclé en 1919, lorsque ces territoires redeviennent français. Ce choix de coller à l'Hexagone allonge progressivement la distance parcourue. De 1906 à 1951, la distance moyenne d'un Tour de France est de 4 962 kms, soit le double du kilométrage des deux premiers Tours.
 
Photo Le Journal des Sports 8 juillet 1920 - Gallica
       
La neuvième édition en 1911, qui est considérée comme le premier Tour moderne aura été particulièrement épuisante pour les coureurs. La plus longue étape disputée sur 470 kms, aura duré près de 18 heures pour les plus rapides. Sur les 84 coureurs au départ, seuls 28 terminèrent la course. 
       Fécamp va faire son entrée dans le tracé de ce nouveau parcours le 30 juillet ; pour la dernière étape Le Havre-Paris (317 kms).
       Partis du Havre à 4 h. ½, les “rescapés” vont se diriger vers l’arrivée à Paris, en passant, par Dieppe !... laissons le rédacteur de l’Auto, nous décrire une partie de ce parcours :
     Après 42 kms Vaucottes, Yport (45), correspondant de l’Auto M. Robert. Ici, grande descente en lacets ; virage à droite à angle aigu, autour de l’Eglise dans la rue Alfred Nunès ; à la sortie, fourche ; prendre à gauche en montant. A chacun des carrefours important que l’on rencontre, prendre à gauche, Saint-Léonard (48), puis à FECAMP 53 kms – Contrôle volant au café des Colonnes, place Thiers, sous la direction de M. Henri Monnier, correspondant de l’Auto, assisté du VSF et de l’USF. On arrive par Fécamp par la rue Charles-le-Borgne, contrôle place Thiers ; on repart par la place Saint-Etienne, à gauche, avenue Gambetta, à droite en face de la poste sur le pont Gayant ; à droite côte de Dieppe ; quelques mètres avant l’octroi, virage à Gauche à angle aigu, sur la petite route de Senneville par N.-D. du-Salut. Notre-Dame-du-Salut (56) Senneville (59) ; à la sortie du pays, prendre à gauche …
L'Auto 28 juillet 1911 - Gallica
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        Partir du Havre pour rejoindre Paris, en passant par Dieppe, Neufchatel-en Bray et Gisors, n'est certes pas l'itinéraire le plus “économique” ! Cependant il offrait à Fécamp le plaisir de se trouver pour la première fois sur le parcours de la “grande boucle”, en lui offrant la montée de la côte vers Notre-Dame-du-Salut ; aubaine aux nombreux spectateurs qui ne manquèrent pas de venir acclamer l'effort des concurrents. H. Monnier , nous en parle dans le Journal l’Auto du 31 juillet 1911.
         FECAMP (contrôle volant) 53 kms du Havre – 264 kms de Paris.
      Favorisé par un temps superbe et frais, le passage du “Tour-de-France” a remporté dans notre ville un succès considérable. Il y avait foule au contrôle et dans toute la traversée de Fécamp. Ce fut un véritable événement que le passage des géants de la route.
      Quelques minutes avant l’heure prévue pour le défilé des coureurs, les voitures officielles Peugeot font leur apparition, ayant à bord notre rédacteur en chef, Henri Desgrange, et notre collaborateur Robert Desmarets. Nous apprenons immédiatement que le peloton de tête est des plus compacts. Ainsi, décide-t-on de supprimer purement ey simplement la formalité de la signature. À 6 h. 42, vingt hommes débouchent enxsemble, roue dans roue. …..

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      L’année suivante en 1912, on ne constate pas de modification importante au tracé de cette dixième édition de la “grande boucle. Toujours quinze étapes,  pour  5289 kms ! Fécamp est toujours inclus dans la quinzième Le Havre-Paris 317 kms, départ du Havre, après une journée de repos, à 4 h. ½ du matin. C’est - toujours - Henri Monnier, correspondant du journal l’Auto, qui commente le passage à Fécamp :
       
FECAMP (Contrôle volant) – 53 kms du Havre, 264 kms de Paris.
     Grand succès pour le tour de France. Une foule énorme se pressait bien avant l’heure du passage des coureurs au contrôle, qui a eu toutes les peines du monde à bien fonctionner. Chacun voulant admirer de près les rescapés de la grande randonnée, les héros des Alpes et des Pyrénées, dont les prouesses viennent de soulever dans le monde sportif tout entier un enthousiasme indescriptible. Contrairement à ce qu’on pensait généralement, les durs raidillons qui ne manquent pas le long de la côte entre le Havre et notre localité n’ont pas désagrégé le peloton de tête.
       Dix-sept coureurs sont passés ici en groupe serrés, à 6 h. 25 et pourtant l’allure avait été des plus vives, étant donné que nos routiers avaient pris vingt minutes d’avance sur l’horaire. C’est là une performance remarquable de leur part et qui prouve pertinemment que les 5 000 kilomètres déjà accomplis ne leur ont rien retiré de leur valeur et de leurs qualités. Remarqué dans le groupe qu’il nous a été impossible de contrôler au grand complet, tous les favoris de la grande randonée ; Defraye, Christophe, Garrigou, Buysse, Tiberghien, Devroye, et très certainement vous les verrez Thys, Salmon, Jean Alavoine, Louis Heusghem, en un mot tous les routiers de grande classe.
        Tous reçurent au passage une ovation monstre. Ils passèrent frais et dispos, et très certainement vous les verrez arriver de bonne heure à Paris…..
H. Monnier correspondant local       
 

 [1]   commune française située à dix-neuf kilomètres au sud-est de Paris dans le département de l’Essonne en région Île-de-France