CAMP-FESTIF
Page créée le 26 janvier 2018 - Mise à jour le 11 juin 2018
 
     Un point sur l'avancement des travaux du port, en 1892   

     Les travaux d’extension et d’amélioration du port ont commencés, dès 1860, par la construction d’une nouvelle écluse de navigation ; puis, par la reconstruction du musoir en mer de la jetée sud, de 1864 à 1869 ; en 1869, ce sera la construction d’une écluse de communication entre le bassin Bérigny et le bassin Gayant encore dépourvu de quais mais dans lequel on aménage des cales d’appontage, où les bateaux peuvent accéder par des souilles creusées à cet usage.
 

      Le bassin Gayant ainsi aménagé permet de “désengorger” le bassin Bérigny en accueillant des navires désarmés où de faible tonnage. En 1872 le bassin Bérigny est approfondi, allongé, élargi, pourvu de quais, puis en 1875 vient le rempiètement complet du quai de la Vicomté.

À la suite c’est l’entrée du port qui va être améliorée, quant au perré en pierres du quai Guy de Maupassant il ne sera édifié qu’entre 1890 et 1892.

Source : Gombert Fécamp photographies (1864-1888) Bibliothèque municipale de Fécamp - Éditions des Falaises - . 

 

      En 1892 Jules Viette ministre des travaux public, invité à venir inaugurer ces derniers travaux, va en profiter pour décorer de la Légion d’honneur, le maire Augustin Le Borgne ; remettre à Camille Albert architecte de la ville, les Palmes académiques et à Alexandre Constantin, président des sauveteurs, la médaille d’argent de première classe.

 

 
     Journal de Rouen 14 mars 1892
Le Voyage de M. Viette, Ministre des Travaux Publics à Fécamp
 

     Parti de Paris, à sept heures du matin, le train spécial conduisant à Fécamp M. Viette, ministre des travaux publics, est arrivé en gare de Fécamp, à dix heures du matin.
 

     Dans un wagon-salon aux armes de la compagnie de l’ouest, qui réunissent, on le sait les armes de Paris, de Normandie et de Bretagne, avaient pris place avec le ministre MM. Cordier, Lesouef, Waddington, sénateurs ; Faure, Lebon et Goujon, députés ; Huguet chef de cabinet du ministre ; Romagny, secrétaire particulier, et Bordas, chef de bureau ; Guilhin, directeur des routes et de la navigation au ministère des travaux publics ; Mengin-Lecreulx, inspecteur général des ponts et chaussées ; Morlière, ingénieur en chef de l’exploitation de la Compagnie de l’Ouest ; Moïse, ingénieur en chef de la construction ; Foulon secrétaire général ; Giboulet, chef du mouvement ; Decourt, ingénieur de la traction ; Lemarié, inspecteur de l’exploitation etc.
 

     La gare est décorée avec beaucoup de goût comme va le paraître dans un instant d’ailleurs, la ville entière. Le cortège formé d’une longue file de voitures, précédé et suivi de brigades de gendarmerie, va suivre la vallée sur toute la longueur du port et, dès les premières maisons pavoisées de drapeaux tricolores, on peut se convaincre que Fécamp s’est mis en fête, sans acceptation de partis, pour recevoir le ministre des travaux publics. On passe sous un premier arc de triomphe de verdure qui porte cette inscription : Vive Jules Viette ! et qui est d écorée de bouées aux noms des bateaux du port ; un second se dresse un peu plus loin, plus élégant encore, composé de tonnelets, de filets et de cordages, avec cette double inscription : Au ministre des travaux publics. Les saleurs et les pêcheurs réunis.
 

      Mais tout à coup parait la flotte des terre-neuviers, tous pavillons dehors, et jamais l’expression “une forêt de mâts” n’a été plus justifiée. Ce coup d’œil est merveilleux et ce spectacle est de ceux qui défient la description. C’est un précieux avantage des ports d’avoir pour leurs fêtes ce cadre incomparable : la mer, et cet élément de décoration : les navires et leurs pavois. Mais entre tous les ports, grâce à sa configuration, grâce à sa concentration des navires dans un espace bien découvert mais peu étendu, Fécamp peut dire qu’il a remporté la palme. Nous n’avons jamais rien vu de plus riant et de plus gracieux. Deux navires de la marine de l’État, la Mouette et l’Eperlan, complètent cet heureux ensemble.
 

      Cependant on s’embarque à bord du Rapide dans l’avant-port ; déjà les Enfants de Fécamp ont lancé aux échos la Marseillaise et c’est aux accents du Père la Victoire que le Rapide franchit la passe navigable, traverse le nouvel avant-port, s’engage dans le sas et y vire de bord pour revenir dans la direction de la mer.
 

      Le sas est inauguré. Un lâcher de pigeons en a marqué l’instant, au milieu d’une foule énorme et sympathique qui couvrait les quais. 


      2 heures ½ (la deuxième heure ......)

      En chemin de fer, M. Jules Viette n’avait pas témoigné pour une promenade en mer le même enthousiasme que M. Yves qui en avait fait le grand attrait du programme. Pour un peu, il aurait dit au maire, à son arrivée, que, montagnard, il préférait ne point quitter la terre ferme. Mais la journée était si merveilleuse, la mer si calme qu’il n’a point hésiter à accepter la promenade. Le Rapide n’a laissé au quai du sas qu’un seul de ses passagers, un médecin dont on réclamait le secours pour un homme qui venait disait-on, de se casser la jambe, et il a filé grande vitesse à travers les jetées.
 

      La mer était aussi calme que la Seine. Un brouillard épais couvrait l’horizon à une certaine distance et les marins consultant le baromètre, annonçaient une tempête … pour la nuit prochaine.
 

      Après une pointe au large le Rapide évolue et regagne Fécamp en longeant la côte ; nous saluons Yport et l’équipage de son bateau de sauvetage ; nous passons devant Fécamp, nous longeons les hautes falaises, puis une dernière évolution et le Rapide rentre au port. La promenade est terminée.