FÉCAMP-FESTIF - La Saison Balnéaire
Crédit photos : Gombert, La plage et l'établissement de bains - 1869 - René Legros N°49 Fécamp la rade.
Page créée le 19 juin 2016 - Mise à jour le 24 août 2016
 

     Le dictionnaire nous dit : Une régate est une course de vitesse entre plusieurs bateaux, sur un parcours fermé. Le terme désigne généralement une compétition à la rame (aviron) ou à la voile (voiliers), mais il peut s'appliquer également aux bateaux à moteur (motonautisme). Une régate se déroule sur un parcours fermé, délimité par des bouées : les concurrents doivent les contourner dans le sens défini par le comité de course.
     Cette compétition sportive s’organise avec la création de sociétés, telle la Société des Régates du Havre (S.R.H.),
club doyen d’Europe continentale,
présente depuis 1838.

     A Fécamp,  on commence à en envisager l’organisation en 1862. On peut, en effet lire dans la Plage Normande du dimanche 20 juillet :

 

     Depuis huit grands jours, l’idée de Régates a fait quelque peu son chemin, et ce projet de fête nautique n’aura pas, tout le fait espérer, la mauvaise chance de … tomber à l’eau, comme mille autres belles choses.
 

     Nous avons reçu, à ce sujet, de M. Bécourt, directeur de notre Établissement de Bains, la lettre suivante (Adressée par M. J. Becourt Directeur de l'Établissement de Bains à Louis Nicolle Rédacteur en Chef de la Plage Normande.
 

     “Monsieur le Rédacteur,
 

    ”C’est avec une véritable satisfaction que nous apprenons que la ville de Fécamp est disposée à favoriser des régates que l’on se proposerait de donner avec le concours du Havre et de Dieppe.

     ”L’Établissement des Bains de Mer serait heureux de concourir de tout son pouvoir pour donner à cette fête l’éclat qui doit l’entourer, et encourager par des prix les efforts de ceux qui voudraient bien y prendre part.

     “Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur, l’assurance de ma considération très distinguée.”

J. Becourt.

La Plage Normande Édition du 20 juillet 1862 - Collection privée 
 

     Il faudra, quand même attendre, encore 7 années,  pour qu’une réunion en vue de la constitution d’une société soit convoquée, le 25 juillet 1869. Trois jours plus tard, le 28 juillet pour qu'une assemblée générale, tenue dans le grand salon des Bains, adopte les statuts de la Société des Régates de Fécamp (S.R.F.) . Les statuts seront approuvés par arrêté préfectoral le 25 novembre 1869.

     Nous n’allons pas, bien entendu, retracer tout l’historique de cette société, toujours en activité depuis un siècle et demi.

    
Nous reprenons toutefois une partie de l’article paru dans la Gazette des Eaux de l’année 1869, à propos des fêtes du 22 août, pages 274 à 277 consultables sur : Gallica le site de la B.N.F. :

     …...J’aperçois à peine les courses de Cherbourg. Elles ont lieu à une lieue de la rade dans les prairies de Querqueville. Mieux vaut revenir au centre de mon panorama immense, vers le pays fécampois. Je me répète, un temps admirable, un ciel à peine moucheté, une mer doucement ondoyante, une jolie brise. Un fond de scène charmant, décrivant une vaste courbe, en partie bordée de blanches falaises à pic, en partie formée de collines gazonnées en pente douce, des chalets épars entourés de plantations à verdure persistante. A gauche une haute falaise dominée par les souvenirs, sinon par les ruines d’un vieux donjon de Bois-Rosé ; à droite, une échancrure où Yport est blotti ; au centre, sur une longueur étendue, les pieds à peu près dans la mer, les hôtels, les longues galeries, les constructions pittoresques du Casino.

     Et une foule ! Il en est venu de tout le pays, de tous les environs, de ces petits points noirs qui se sont regroupés sur la grève, sur les falaises, sur les collines, et qui vont oublier tout le jour les soucis et les affaires. Il n’y a que Fécamp qui n’ait pas eu de train de plaisir. Il y a sept ans, aux dernières régates, la compagnie de l’Ouest en avait organisé un ; il avait amené que 250 curieux, et la Compagnie, sollicitée cette année, s’est dit que ce serait la même chose. Mais c’est bien différent, Fécamp a la vogue ; on s’est avisé que Fécamp était un charmant pays, jolies promenades, campagne plantureuse, climat privilégié, et il en est bien venu 2.000 sans train de plaisir. Si vous voyez combien de voitures ; mais surtout combien de bateaux.

     Car c’est bien pour les bateaux que sont faites les régates, et ç'a été toute la journée un spectacle charmant que ces trente ou quarante voiles répandues sur cette jolie rade en soleillée, voguant, virant, louvoyant, doublant, lofant. Vous dirais-je que M. Benoit-Champy était en tête avec la Diane, M. de Sesmaisons avec Mystère. Je vous raconterai tout à l’heure leur lutte charmante. Mais j’ajoute que la Marguerite, patron Gaudibert, a gagné la première course des barques de pêche ; qu’il y avait des baleinières, des gigs, des périssoires et six moutards dans des baquets, manœuvrant à la godille et ressemblant aux petits enfants de Saint-Nicolas. Le soir, grand bal ; toute la ville, toute la colonie et les autorités ; car je crois qu’il y en a, mais elles ne font pas de bruit. Puis l’embrasement des falaises, - on embrase toujours les falaises, et deux foyers de lumière électrique qui couvraient de leur éclats la ville, les falaises et la rade.

     Et enfin, pour le bon ordre, douze douaniers en tuniques vertes, avec sabres-poignards, fusils à piston et baïonnettes ancien régime. C’est tout ce qu’il y avait en fin de prestige officiel.

    P.S. Fécamp, lundi 29.
     La course des grands yacks a eu lieu ce matin, elle a été d’un grand intérêt. Les concurrents étaient Diane (98 tonneaux) à M. Benoît Champy ; Mystère (118 tx) à M. de Sesmaisons, Houdalle (49 tx) à M… , du Havre. Le but était un bateau pilote parti le matin pour aller mouiller à 30 miles dans le Nord-Nord-Ouest de Fécamp. Au départ, les trois bateaux, couverts de toile, marchant sous bonne brise du Nord, venaient passer devant la tribune des régates et viraient de bord immédiatement avec de magnifiques allures, fendant la mer, le cap sur le point indiqué, dans l’ordre suivant. Diane à 11 h. 28. ; Houdalle à 11 h. 36 m. ; Mystère à 11 h. 39 m. Tous trois, excellents voiliers, couraient droit vers l’horizon, conservant les mêmes distances, suivant presque le même sillage, jusqu’au moment où ils disparurent au grand large à peu près en même temps. Dans le même ordre, ils ont atteint et doublé le pilote, au milieu de la Manche, et virant du bord, ils sont revenus sans changer d’allures et le cap sur terre. Vers quatre heures, par un soleil splendide, les longues-vues, fouillant l’horizon, voyaient briller une voile blanche au point même où les trois voiles avaient disparu, puis bientôt une deuxième et tout aussitôt la troisième. Et peu à peu, grandissant et se dessinant sur la même ligne qu’ils avaient suivi le matin, les trois yacks se faisaient reconnaitre, Diane première, puis mystère, puis Houdalle. A quatre heures 53 minutes Diane doublait une seconde fois le but de départ devant la tribune et, après elle, Mystère à 5 h. 8m. ; Houdalle en à 5 h. 12 m. Diane avait fourni les 30 milles en 5 h. 25 m. 36 s. ; Mystère en 5 h. 32,7 ; Houdalle en 5 h. 33,14 perdant d’une minute. Ainsi, pendant cette course magnifique, l’une des plus remarquable qui aient été fournies de plusieurs années, les trois navires s’étaient constamment tenus presque aux mêmes distances. Diane gagnant 4 minutes seulement sur Mystère et 11 minutes sur Handalle. Ce spectacle était réellement saisissant, et les trois navires ont été salués par les applaudissements d’une foule nombreuse et par trois salves de Hip ! Hip ! Hourra ! partis de la tribune de commissaires.

 

     Viator.

     
..... Un des vainqueurs des régates de Fécamp, M. Gaudibert, propriétaire du yacht Marguerite, qui a gagné le prix de 500 frs. De la ville de Fécamp, a déclaré faire l’abandon de la moitié de cette somme, attribuée comme suit : 50 frs. à la veuve Panchout, 100 frs. au bureau de bienfaisance et 100 frs. à la caisse des invalides de la marine.
      Le jugement du classement, ne semble pas être du goût de la S.R.H., témoin cette “mise au point”, toujours extraite de la Gazette des Eaux de l’année 1869 - Les spécialistes saisiront la nuance !
      On fait observer dit le journal du Havre, à propos de la course de yachts à Fécamp, lundi dernier, que si la course avait eu lieu suivant l’allégeance accordée par la Société des régates du Havre où par les Yacht-Clubs anglais, qui ne donnent, en aucun cas, d’allégeance inférieures à 15’’ et 10’’ pour des parcours beaucoup moins longs, l’ordre d’arrivée eût été totalement modifié en prenant pour base 10’’
.
 

Mystère de 116 ton., rendait à Houdalle, de 40 ton., 12’ 4’’.

Diane de 98 ton., rendait à Houdalle, de 40 ton., 9’ 40’’.

Mystère, de 116 ton., rendait à Diane, de 98 ton., 3’
 

     Sur un parcours d’au moins 55 milles, par vent large, aller et retour, l’arrivée, allégeance comprise aurait eu lieu dans le temps suivant :

Joudalle, 1er,    en 5 h. 33’ 14’’

Diane,      2ème en 5 h 35’ 16’’

Mystère   3ème en 5 h 48’ 47’’
 

    C'était là, une première pour cette société maintenant plus que centenaire.
 

A voir : Le réglement des courses en 1881 -   Quelques anciens programmes
 

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