FÉCAMP-FESTIF  -  Les Bains de Mer
  Montage réalisé d'après le plan du port de Fécamp de Nicolas Magin (1663-1742) - Source : Gallica  bibliothèque numérique de la B.N.F. (département Cartes et plans, GESH18PF36DIV5P3)
Dernière mise à jour 19 août 2016
 
   1. L'établissement de thalassothérapie :

 

     Le premier numéro de La Plage Normande, daté du dimanche 13 juillet 1862, nous retrace sous la plume de Joachim Michelun historique assez précis de la station fécampoise :
 

     “Pendant longtemps Dieppe eut, le privilège de recevoir le très-petit nombre d’individus assez osés pour venir affronter les vagues dont se jouait la population des villes maritimes. Mais cette cité ne faisait pas grand frais pour cela : quelques cabanes sur le galet et c’était tout. C’est seulement sous la restauration (1824-1830) que, à l’exemple de Boulogne, Dieppe eut ses bains : Patronnés par la duchesse de Berry, ils attirèrent de suite une foule élégante qui leur est restée fidèle.

     “Avec l’apparition des chemins de fer, le moment était favorable, de plus, le réseau de route se complétant de bonnes voitures, va constituer une véritable amélioration, et faciliter le rayonnement de la population vers la frontière maritime.”

La Plage Normande n°1 du 13 juillet 1862 - collection J.-P. Durand-Chédru   


     Lancée, officiellement en 1824, Dieppe s’affiche comme la doyenne des plages à la mode. Il faut préciser que le bain est alors vécu sur le mode de l’épreuve et de la purification. Dix ans plus tard, le maire de Dieppe évalue à quatre cents, chaque saison le nombre des baigneurs venus pour cause de maladie. Les “Parisiens” qui fabriquent les stations balnéaires, viennent renforcer la primauté des plages et des bains normands les plus proches de la capitale.
D'après FRANCE Thalasso
  
     “Dès lors Fécamp fut sur le point de prendre place parmi les villes de bains, et l’on ne comprend guère comment la somme nécessaire à cette création n’a pas été réalisée.

     “L’importance que donne la ville de Dieppe à son établissement de bains de mer, dit le docteur Albert Assegond, dans son Manuel des bains de Mer (publié en 1825), avait donné l’idée d’établir à Fécamp des bains publics ; déjà le plan en avait été dressé par l’ingénieur des ponts-et-chaussées, l’établissement devait être élevé sur un terrain près de la tour de la Vicomté. Cet emplacement ayant l’avantage d’offrir à la fois l’eau douce et l’eau de mer, permettant ainsi la réunion des bains d’eau douce et des bains de mer. La vue du port d’un côté, et de la mer, de l’autre rendait cette position très agréable ; toutes les dispositions étaient faites, l’entrepreneur des travaux publics s’engageait à livrer l’établissement prêt à mettre en activité dans l’espace de trois mois, à partir du moment où il y aurait 50 actions de chacune 500 frs.
 

     “Malheureusement les choses en restèrent là, et jusqu’en 1832, on vit seulement par hasard, de rares familles égarées, faire dresser une tente qui disparaissait avec elle. Les fécampois n’y mettaient pas tant de façon ; on faisait bravement sa toilette sur la plage ; les dames se cachaient parfois derrière un parapluie.”
 

     “M. Adrien Freret installa, alors, auprès du Batifol une maison en bois et fit apporter sur la plage des tentes commodes ; d’années en années, il fit des additions, construisant une petite salle, établissant une sorte de galerie couverte ; puis en 1850, il réalisa, à l’attention des Baigneurs un ensemble de constructions très satisfaisant, que les habitués de ce temps désignent dans leur souvenir, sous le nom de Petit Casino. La décoration n’était pas brillante, mais on prenait place volontiers, sur des chaises grossières, sous des quinquets fumeux, dans le salon où l’on dansait gaiement aux sons d’un maigre piano.”
 

     Dans cet établissement, rendez-vous de l’aristocratie, on y vient encore, plutôt sur prescription médicale. Les « Immersions entières et soudaines » étaient préconisées. « Pas question de rentrer progressivement dans l’eau comme on nous l’enseigne aujourd’hui ». On pensait ainsi soigner la rage, l’anémie, l’asthme, la dépression ….

 La Plage Normande n°1 du 13 juillet 1862 - collection J.-P. Durand-Chédru  

 

     Peu à peu, ces établissements de bains de mer ne seront plus seulement "machines" à soigner, classer, assister ou prévenir des dangers, mais aussi des lieux de plaisir et de détente pour se divertir, sous contrôle !...

D'après FRANCE Thalasso   

 
      À ce sujet, dans le " Guide du malade aux bains de mer " de Parmentier de Fresville édité en 1856, on peut lire : 

     “Quant aux bains, on se baigne fort peu à Dieppe ; mais en revanche on y danse beaucoup ! Et cela se comprend, on n’a rien à faire…. La plage de Dieppe étant couverte d’une épaisse couche de gros galets, on ne se baigne qu’à certaines heures de la journée et quand le médecin directeur le permet ; ce qui n’arrive pas toujours quand il y a de la lame. Souvent il arrive aussi qu’à l’heure où il est permis de se baigner, la digestion n’est pas faite, alors point de bain ce jour-là. Le lendemain l’heure du bain se trouve celle de la table d’hôte de l’Hôtel que vous habitez, encore un jour sans bain ! et cela se renouvelle souvent ! À ce désagrément fort grave à mon avis, il faut ajouter le prix très-élevé des bains et de l’entrée à l’établissement…….

     “ …. À Fécamp les malades trouveront un établissement de bains de mer qui m’a paru l’un des mieux compris et des mieux appropriés à cette destination de tous ceux que j’ai vus. On y trouve réunis l’agréable et l’utile, une eau limpide et transparente, un galet très fin, du beau linge éblouissant de propreté. « Malgré ces avantages si importants, l’établissement de Fécamp qui possède terrasse, galerie, salle de bal, de lecture, restaurant et jardin, est peu fréquenté. Quelle en est la raison ?... la seule que je connaisse, c’est l’éloignement de la ville. Il faudrait un omnibus qui, dépendant de l’établissement, allât prendre les malades en ville pour les transporter aux bains, comme cela se fait à Boulogne, la ville de bains par excellence !” 

Guide du malade aux bains de mer - Gallica bibliothèque numérique de la B.N.F.
 
     Et en 1857 Joachim Michel, conservateur de la bibliothèque,  écrivait :

     “Les bains de Fécamp, longtemps négligés, commencent à être en vogue, et ils seront visités bientôt par un grand nombre d’hôtes fidèles. C’est justice, en vérité, car ils sont situés sur une belle plage de cailloux roulés, sur laquelle l’eau acquiert la transparence que l’on apprécie si fort à Etretat, où le fond est de même nature. Là point de ces roches qui forcent, comme dans certains pays, les baigneurs à attendre le retour de la marée ; ils peuvent à toute heure se plonger dans l’eau.

    “Le Casino est placé tout près des falaises. Il se compose de vastes pièces reliées entre elles par une longue galerie couverte, d’où l’œil embrasse un immense horizon ; d’un local affecté aux bains chauds, etc.

     “On y trouve tout ce qui peut faire paraître le temps moins long – ou plus long – aux désœuvrés : journaux, billard, pianos.

      “Un mât de navire s’élève sur la pelouse, avec ses cordages, ses haubans, où des enfants grimpent à l’envi tandis que d’autres s’élancent sur une grande balançoire, ou se hissent aux nœuds d’un appareil de gymnastique.

    “On doit transformer en un parterre les abords du Casino ; frayer des sentiers sur les pentes des remparts et de la côte, et placer, çà et là, des bancs en face de la mer.
     “Le propriétaire des bains a fait construire un gentil chalet, orné de bois découpés, qui ne pèche que par un côté : il contient trop peu d’appartements au gré des amateurs. Il est facile de remédier à cela en lui donnant des compagnons.”

Joachim Michel : Causerie sur Fécamp - Gallica bibliothèque numérique de la B.N.F