FÉCAMP-FESTIF - 
 
Page créée le 18.01.2019
 

La Journée du Souvenir Normand à la Mémoire des Anciens Moines de l’Abbaye

LA  REMISE  DES  PIERRES  DU  SOUVENIR

 
     
À 17 heures, sur la place de l’Abbaye avait lieu la remise solennelle des pierres par “Le Souvenir Normand”, qui s'applique à conserver les traditions des descendants de Guillaume le Conquérant. Voulant ainsi commémorer les circonstances qui ont marqué la construction des cathédrales de Lincoln et de Norwich en Angleterre, et ainsi rappeler les liens qui rattachent notre abbatiale aux cathédrales britanniques.


Sur la première se trouve gravée cette inscription 

Remigio monacho
Fiscannensi
qui eccl.
Cathédr. Lincoln
ut Antistes ita
fun dator fuit.[1] 
Sous le patronage
du Souvenir Normand,
de la ville de Fécamp
et du Chanoine Coruble,
curé-doyen
31 juillet 1932
 

Et sur la deuxième ces mots :
Ex dono
ecclesiæ.
Cathédralis
Norvicensis
MCMXXXII
[2]


                                                                  Photo : J.-P. Durand-Chédru janvier 2019

      Avec un important décalage sur l’horaire prévu au programme, eut lieu la remise solennelle de ces pierres, devant le grand portail de l’antique abbatiale des ducs de Normandie. C’est M. le chanoine Jouen qui les reçut au nom de l’archevêque de Rouen.
 
     Avant la remise officielle, M. le chanoine Jouen avait, du haut d’une tribune dressée sur la place, évoqué avec une sobre éloquence l’influence très grande que les Normands ont exercé sur l’art anglais.
     L’orateur a magnifié d’une façon splendide le rayonnement des forces spirituelles sur les deux pays amis, rayonnement dont le président Herriot a reconnu lui-même les bienfaits.
     Puis, tour à tour prirent la parole : le Révérend Grimes, MM. Lamba ; Georges Le Carpentier, vice-président du “Souvenir Normand” ; le colonel Lallemand, représentant M. le ministre de la Guerre ; Colin au nom du ministre des Beaux-Arts et Sir Tudor Hart.

Ci-contre, M. le Chanoine Jouen prononce son dicours
devant l'assistance massée sur la place de l'Abbaye

 

Photo extraite du Journal de Fécamp du 3 août 1932


      Malheureusement, la pluie menaçant, il fallut écourter, à la grande déception des auditeurs.

Journal de Fécamp 3 août 1932         


[1]  Au moine matelot de Fécamp qui fut le fondateur de l'église cathédrale de Lincoln pendant qu'il était le chef (prêtre).
[2] En cadeau de l'église cathédrale de Norwich 1932.
            Traduit par : Nicolas Leroux 
 
*

*     *

 

     Cependant, c'est après la remise de ces deux pierres provenant des cathédrales de Lincoln et de Norwich ; pierres qui seront prochainement encastrées dans le porche de l'église abbatiale de la Trinité[1], dont les moines, jadis, furent nommés évêques de ces deux villes par Guillaume le Conquérant, que M. Georges Lecarpentier, professeur à la Faculté libre de droit, retraça l’histoire de l'abbaye, terminant en ces termes :

     « Si Guillaume de Volpiano et Pierre d'Alie apparaissent à cet instant parmi nous, ne pensez-vous pas qu'ils nous emmèneraient dans la salle des exercices de leur monastère et nous inviteraient à faire notre examen de conscience :
     « Chacun de vous » a-t-il bien fait, nous demanderaient-ils, tout ce qu’il devait faire pour maintenir entre la France, l’Angleterre et l’Italie la bonne et cordiale entente qui doit aujourd’hui garantir le salut de la civilisation comme elle en a, au onzième siècle, assuré le progrès ? Je ne vous demande pas, ajouteraient-ils, une confession publique ; le temps en est passé ; mais ayez le ferme propos de ne rien négliger dorénavant pour resserrer de toutes vos forces des liens d’amitié internationale qui ne sont que trop distendus. Prenez pour modèle les membres du Souvenir Normand qui se sont donné pour mission de rechercher dans la glorieuse histoire de leur province tous les motifs de propager dans le monde l’esprit de paix et de concorde ; ayez leur zèle et leur dévouement.
    
« Que votre imagination remonte plus loin encore dans le passé. Nous sommes ici, au lieu même où vous m’écoutez, mais Fécamp n’existe pas encore ; rien n’arrête nos regards que les pentes de cette belle vallée où s’enfuit un cerf poursuivi par une meute hurlante qu’excite son maître. Tout d’un coup, l’animal s’arrête et se retourne vers ses ennemis, une croix lumineuse apparait entre ses ramures ; jamais plus le comte Augésise ne souillera ses mains du sang des animaux.
    
« Jusques à quand nous croirons-nous tenus de verser, nous celui des hommes ? Français, Anglais, Italiens, votre union seule peut empêcher le monde de retourner à la barbarie ; pour la paix et le salut de la civilisation, soyez, restez unis.

Le Figaro 1er août 1932 - Gallica, site de la B.N.F.        
  

       Cette page a été renseignée par les journaux des 1eret 3 août 1932 : Journal de Fécamp (Durand-imprimeurs) Le Figaro (Gallica, site de la B.N.F.)


[1] Elles seront finalement enchâssées, à l’intérieur, dans un pilier du collatéral nord