CAMP-FESTIF - La Fête dans la rue - Les Meetings aériens

 
Page créée le 22 février 2018
 
      Le 29 août 1937, les “Ailes Fécampoises” ont procédé à l'inauguration de leur terrain situé à Élétot. La cérémonie du matin s'est poursuivie,  à
13 heures, avec un déjeuner amical qui réunissait, à l’Hôtel de la Poste, les dirigeants du club local et les nombreux pilotes venus du dehors.

       Ce déjeuner conserva, de bout en bout, le caractère de cordialité que chacun avait voulu lui donner. Il y eut de bons coups de fourchette et peu de discours. A vrai dire de ces derniers, il n’y en eut point du tout.
 

     Le repas excellement servi, fit honneur à l’établissement, et tous les convives furent unanimes pour féliciter M. et Mme Basille, et pour exprimer des remerciements à l’adresse de la Bénédictine, toujours gracieusement présente. Avant de quitter la salle, M. Terrail salua simplement la présence à ses côtés de M. le Commandant de la marine du Havre, de Le Mée, l’as de la journée, et en citant ces quelques noms, il exprima à tous ses sentiments de sincère affection.
 

     M. Molon au nom de l’Aéro-Club du Havre, se fit l’interprète des invités pour assurer M. Terrail et l’Aéro-Club de la sympathie de tous, avant de reprendre la route pour Élétot, où les attendaient la Fête aérienne.

    
    Journal de Fécamp
: 30 août 1937
LE MEETING AÉRIEN
 

     Dès 15 heures, une foule considérable avait envahi les abords de l’aérodrome d’Élétot. Cars, voitures particulières, bicyclettes amenèrent les habitants de Fécamp et des environs sans incident.


    Le programme, minutieusement réglé, prévoyait d’abord des vols exécutés par les pilotes des clubs représentés.

   Aussitôt que les conditions atmosphériques le permirent, le signal du départ fut donné. Tour à tour, les pilotes visiteurs présentèrent leurs appareils en évoluant au-dessus du terrain. Les uns et les autres firent preuve de belles qualités techniques : certains même n’hésitèrent pas à produire de véritables exhibitions, où la fantaisie se donna libre cours. Parmi eux le chef pilote Guerin, du centre de Compiègne, retint longuement l’attention. Entre ses mains le Potez 58 qu’il monte est d’une docilité surprenante !

      Grâce à l’installation de diffuseurs établis par les soins de la “Maison de la Musique” et les Etablissements Ducretet-Thomson, et réglés par M. Marc, le public put suivre admirablement les évolutions des différents appareils. Avec un dévouement que l’on ne saurait trop louer, M. Terrail, président de l’Aéro-Club, donna au micro toutes les explications utiles, et occupa le poste de speaker, inlassablement, pendant toute la durée de la manifestation.

L’Aéro-Club du Havre, à lui seul, avait déplacé un bon lot de pilotes, en tête desquels – honneur aux anciens – se trouvait le pionnier Molon bien connu. C’étaient avec lui Heckenauer, sur Caudron Luciole ; F. Augustin-Normand, sur Farman 403 ; Grieu sur Farman 402 ; L. Raoul-Duval, sur Potez 43 ; Yves Dubosc, sur Caudron Aiglon ; Collard, sur Caudron Aiglon également ; Kipper, Lecroq, Maurey, Dupray, Marin, Voisin, Hutz, sur Potez 36 ; Lemarchand sur Farman 402.


      On admira, dans sa longue succession des vols exécutés, ceux du Potez 36 et du Farman 412 Lorraine, appartenant à l’Aéro-Club de Fécamp. Ce dernier, piloté par M. Huguet, servit d’ailleurs à la démonstration de descente en parachute, qui suivit la première exhibition de l’as Le Mée, chef-pilote hors ligne, dont il convient de souligner les hautes qualités de pilotage, la virtuosité et le sang-froid.

     À bord de l’avion personnel de Doret (capable de soutenir une vitesse de 250 kilomètres à l’heure), Le Mée se livra à de sensationnelles exhibitions, montrant combien est grande la sécurité offerte aujourd’hui par un bon matériel placé dans les mains d’un personnel navigant bien formé. Maître de lui-même autant que de son appareil, le Mée ne tarda pas à étonner et à soulever l’admiration générale, avec ses montée verticales, ses piqués à toute vitesse, immédiatement suivis de reprises au ras du sol ou des fuites en chandelle. Aussitôt parvenu à quelques centaines de mètres en l’air, son avion semble se jouer des éléments et de toutes les lois de la stabilité. En réalité il est mené avec une maitrise surprenante et par un cerveau qui détient tous les secrets de l’acrobatie aérienne. Ainsi se succédèrent les descentes en vrille, à droite ou à gauche avec arrêts précis (après un nombre de tours déterminé), les loopings et demi loopings, les vols sur le dos, sur le côté, les tonneaux rapides et lents, les feintes de tombée au sol avec reprise inattendue en chandelles etc… Pour les amateurs de sensations, le Mée mit à profit, à un moment donné, la situation particulière du terrain : piquant droit sur la mer, il simula une chute verticale devant la ligne de falaise, laissant l’avion invisible durant une minute – qui sembla une éternité – puis réapparaissant soudainement, il renouvela ses acrobatiques tonneaux et renversements en montée et en descente, ses rase-mottes, etc., etc..


      Il céda enfin le terrain et… le ciel au parachutiste Raquin, lequel fit une brillante démonstration. Malheureusement, en touchant le sol, le célèbre spécialiste heurta à faux et se contusionna assez sérieusement la jambe gauche. Il s’était lancé de l’appareil Lorraine piloté par M. Huguet, qu’accompagnait M. Duval fils.

Transporté à Saint-Pierre-en-Port, où il reçut les premiers soins, il fut conduit de là, à l’hôpital de Fécamp, où un pansement sommaire et deux piqures lui ont été faits, avant d’être transporté à la clinique des Ormeaux du Havre.
La fin de l’après-midi se termina par les baptêmes de l’air très nombreux qui furent donnés par les pilotes Guérin et Huguet à la satisfaction de tous – et jusqu’à 19 h 30 –


     Le nombre des spectateurs venus au meeting peut être évalué à environ 5 000.

     Terminons en félicitant chaleureusement le conseil d’administration de l’Aéro-Club dont font partie, avec M. Terrail, MM. York, Maurice, Huguet et Berthelot. Le service d’ordre assuré par la gendarmerie fut à la hauteur de la tâche, et grâce au dévouement de nombreux commissaires qui méritent de vifs éloges, tout se passa fort bien et sans incident notable.

 
    On nous communique :  

    Malgré les difficultés que présentait la sonorisation de cette fête (la ligne secteur la plus proche passant à un kilomètre), celle-ci était assurée par la Maison de la Musique (J. Marc), 34 rue Alexandre-Legros, avec le groupe générateur de courant et amplificateurs DUCRETET.

      
 

Découvrez ci-dessous un diaporama-souvenir de cette journée dû au Photographe Nagel

 


                                                                                                                                                      RETOUR AUX MEETINGS AÉRIENS