FÉCAMP-FESTIF - Introduction
Page créée le 19 juillet 2016

    
     16 juillet 1850 :


      Adrien Freret président de la Chambre de Commerce, lit un rapport sur le commerce et la statistique de Fécamp, viennent ensuite, les interventions de membres avec les sujets suivants :

 

1° La Situation sanitaire à Fécamp - Marie Liepard

2° Étude chimique des eaux - Eugène Marchand

3° La Bibliothèque publique - Léon  Couillard

 

     Première intervention :

 

    - Note de Marie Liepard sur les établissements publics de la ville de Fécamp.  - L’officier de santé, après une description assez précise de l’environnement, fait une analyse, très pessimiste, en 16 points, de la situation sanitaire de la ville de Fécamp : 

 

     « La ville de Fécamp est située sur le bord de la mer ; les montagnes qui la bornent de chaque côté en formant un vallon d’une étendue considérable, de 3 kms environ ; la largeur en est assez grande, et comme, du côté de la ville les collines ne sont pas très-élevées, l’air circule facilement. Deux rivières, l’une qui a sa source aux environs de Valmont, l’autre qui prend naissance au-dessus du Bec-de-Mortagne, viennent former leur confluent au-dessus de la filature occupée par M. Dupray, pour aller ensuite se perdre dans le quai.

 

     « Les rues sont percées dans la direction du sud-est au nord-ouest, de manière qu’en partant de l’Abbaye, on peut se rendre à la mer sans décrire la moindre courbe. Comme les vents viennent souvent des points que nous venons d’indiquer, la ville se trouve facilement aérée.

« La ville possède un port, un bassin ; plus, un bassin commencé peu de temps après la Révolution de février, et non achevé. La vallée est sillonnée par une fonderie, par une scierie mécanique, par des moulins à huile, au nombre de trois ; par des moulins à blé, au nombre de cinq ; par quatre filatures ayant, les unes, la vapeur seule pour moteur, les autres mues par l’eau et une machine à vapeur. Il y a en outre deux autres scieries, en dehors de la ligne dont nous venons de parler : l’une exploitée par M. Victor Fréret, est d’une grande importance et mue par la vapeur ; l’autre, beaucoup moins considérable, est mise en activité par l’eau de la Voûte ; elle est dirigée par M. Bigot, entrepreneur.

 

      « Elle possède encore une mairie nouvelle, une gendarmerie, une prison ; trois écoles de garçons, dont une tenue par les Frères ; deux pensionnats habilement dirigés ; trois écoles de filles tenues par les Sœurs ; une pension de demoiselles tenue par Mme Laroque.

« La population de Fécamp est de 10.500 âmes. Les divers établissements dont je viens de parler méritent une mention particulière ; je tâcherai d’en faire l’exposé dans les termes les plus concis :

 

      « 1° Le nouvel hôpital est malheureusement situé sur un terrain bas, humide, exposé aux inondations, entouré de prairies sur lesquelles la mer s’étend plusieurs fois chaque mois, et y dépose des matières végétales et animales, qui exposées à l’air, se décomposent facilement, et, par cela même, répandent dans l’air ambiant des miasmes délétères. Les brouillards qui, à chaque instant, se développent dans le rayon qu’il occupe, sont fort nuisibles, et empêchent bien des fois d’aérer sans danger les salles. La ventilation y est mal organisée, les croisées ne présentent point les dispositions convenables. Il est de plus, entouré de lavoirs publics, qui, certes n’ont pas pour effet d’assainir l’air.

 

     « 2° Le bassin commencé offre, à mon avis, d’assez grands inconvénients sous le rapport de la salubrité publique. Entrepris peu de temps après les événements de février, les fonds ayant manqué, les travaux ont été suspendus. Il en est résulté que les ouvriers qui avaient pratiqué des excavations sans établir de communication entre elles, de manière à ce que l’eau pût se déverser dans l’ancien bassin ; il en est résulté, dis-je que ces cavités conservent les eaux de la mer, ou les eaux pluviales et domestiques que l’aqueduc y amène ; que ces eaux ne tardent pas à se décomposer ; et, dans les basses mers, alors que les terres ont absorbé une certaine quantité de liquide, le soleil venant à les échauffer, il s’en exalte une odeur tellement fétide, tellement insupportable, que bien des personnes ne peuvent ou ne veulent pas passer par la levée, de manière que la seule promenade qu’il y ait à Fécamp ne peut être fréquentée.

 

     « 3° La fonderie, éloignée du centre de la population, ne peut être nuisible, du moins pour le moment.

 

     « 4° Les filatures sont, à mon avis, placées dans les conditions les plus favorables ; elles sont toutes isolées ; peu ou point d’habitations les entourent, de manière que l’air se trouve facilement renouvelé. Il n’en est pas de même pour l’intérieur de ces établissements. Ne serait-il pas possible d’aérer davantage les ateliers sans porter atteinte à la qualité des produits, aux intérêts du propriétaire ?

 

     « 5° Si je ne craignais de passer pour pessimiste, je prendrais la liberté de dire un mot sur l’acquisition qu’on vient de faire pour installer la mairie, la gendarmerie, etc., etc. J’attendrai que les dispositions en soient définitivement arrêtées pour en apprécier les avantages et les inconvénients.

 

     « 6° Nous avons une école des Frères, qui ne présente pas toutes les conditions de salubrité désirables. Le local, au rez-de-chaussée, est trop exigu pour y recevoir le nombre d’enfants qui y sont admis ; l’air est constamment vicié : en hiver, surtout, l’air doit y être très-méphitique. Il y a au premier, une salle très belle, très vaste, parfaitement exposée, et qui, je crois, est sans emploi. Il est à désirer qu’une partie des enfants y soit dirigée ; cette mesure serait pour tous d’un bon effet. Je ferai, pour deux des écoles tenues par les sœurs, l’une située près de la mairie, l’autre rue de Mer, la même observation.

 

     « 7° Il existe dans cette ville plusieurs quartiers occupés par des saleurs, épandant sur la voie publique les saumures, les détritus de poissons, qui, dès qu’ils sont exposés à l’air, se décomposent, se putréfient, et répandent une odeur tellement fétide, que les passants et les voisins en éprouvent un dégoût, un malaise très-prononcés. On ne peut exiger des saleurs qu’ils remédient d’eux-mêmes à cet inconvénient. Eloignés, la plupart, des fontaines publiques, ils ne peuvent faire les lavages convenables pour pousser au loin, à la mer, les matières pernicieuses. Une demande a déjà été faite pour que ces quartiers soient dotés de fontaines ; mais les finances de la ville sont tellement obérées, qu’il n’a sans doute pas été possible de faire droit à de si légitimes réclamations.

 

     « 8° Nous réclamons aussi, de la manière la plus pressante, qu’il ne soit plus permis à l’avenir de sortir et de transporter de jour les fumiers qui existent chez les bouchers, les charcutiers ; il en est de même pour ceux des aubergistes qui reçoivent des marchands de poisson. Ces industriels ont pour habitude de vider leur poisson avant de l’enlever, et d’en jeter les débris sur les fumiers. Il n’est point besoin de dire quel résultat fâcheux il s’ensuit.

 

      « 9° Il manque à Fécamp un abattoir. Cet établissement est d’autant plus désirable que les bouchers tuent chez eux, dans l’intérieur de la ville, à la vue des passants.

 

  Lire la suite.