« 10° Fécamp possède malheureusement un assez grand nombre d’habitations malsaines. Aucune mesure, que je sache, n’a été prise pour remédier à cet état de choses.
« 11° Le pain est très-souvent de mauvaise qualité. Depuis qu’une surveillance assez active est exercée contre les boulangers, ils fournissent à peu près le poids ; mais le pain n’est pas assez cuit.
« 12° Les ventes de poisson ne sont point assez surveillées ; et, plus d’une fois, j’en ai été témoin, il a été mis en vente et vendu du poisson très-gâté. Il serait cependant très-facile de prévenir cet abus ; ce serait de forcer chaque patron, ou son consignataire, de faire connaître à la police son entrée dans le port, afin que son poisson pût être soumis à l’œil investigateur du commissaire. Les viandes fumées ou hachées méritent également d’être surveillées.
« 13° Je ne sais si, dans ce simple exposé, je dois me permettre de parler des maisons de prostitution. Je trouve cependant qu’elles méritent, de la part de l’autorité, la plus grande surveillance ; car si l’on doit empêcher certaines industries honnêtes d’être nuisibles à la santé, que ne doit-on faire pour empêcher que la spéculation sur la débauche ne prenne un tel essor, qu’elle puisse impunément compromettre la santé de la jeunesse, et par là anéantir toute amélioration dans l’espèce humaine ? je crois qu’il est temps d’y apporter un remède.
« 14°parmi les maladies qui existent dans notre localité et qui déciment notre population, la phtisie pulmonaire tiendrait à bon droit le premier rang.
« 15° Le delirium tremens se montre fréquemment chez nous ; c’est assez dire qu’on fait un usage trop répété des spiritueux.
« 16° les maladies les plus fréquentes sont : au printemps, les angines, les cathares pulmonaires, les péripneumonies, les éruptions : rougeole, graine miliaire, scarlatine en petit nombre, peu de variole (la vaccine est, je le constate avec plaisir, acceptée avec empressement par la population) ; en été, les fièvres muqueuses, typhoïdes, les rhumatismes articulaires aigus, l’embarras saburral des premières voies ; en automne les gastro-entérites, les cathares ; en hiver, jusqu’au mois de février, mêmes fièvres, apoplexie.
Les causes les plus ordinaires de ces affections sont, pour celles qui se développent en automne, l’usage des fruits, du poisson salé, les variations subites de la température. (Cette dernière cause est la plus active.) En été, les émanations pestilentielles qui se dégagent des foyers d’infection dont il a été parlé, sont suffisantes pour développer les fièvres de mauvais caractères précitée ; en hiver, ce sont la mauvaise nourriture, les vents d’ouest qui règnent constamment et nous amènent un air surchargé d’humidité ; au printemps, ce sont les alternatives de froid et de chaud. Ainsi dans nos contrées, il nous viendra des jours chauds, soit à la fin de février, soit au milieu de mars ; puis trois à quatre jours après, des vents très froids, de la pluie glaciale : aussi les organisations délicates en éprouvent les funestes effets !
Pour prévenir ou atténuer l’action de ces causes délétères, on ne devrait, à Fécamp, jamais ne quitter les vêtements de laine, les habillements de drap ; il faudrait toujours avoir une nourriture saine, sans jamais être trop abondante ; éviter ces passages brusques d’un régime assez régulier à une nourriture plus succulente ; faire un usage modéré des liqueurs alcooliques. »
Cette analyse, n’engage, bien sûr que celui qui l’a préparée et prononcée, nous ne portons aucun jugement, ni commentaires, laissons nos lecteurs apprécier.
La seconde intervention :
- Note sur la constitution hygiénique et sanitaire de la ville de Fécamp ; par Eugène Marchand, membre de l’Association Normande. ». Où l’orateur décrit, l’étude chimique qu’il consacre aux eaux qui alimentent la ville, à la suite à l’épidémie de choléra qui a sévit de 1832 à 1849.
Source Gallica Bibliothèque numérique (B.N.F.) Annuaire des cinq départements normand année 1851
La troisième intervention :
- Note sur la bibliothèque publique de la ville de Fécamp ; par Léon Couillard......
Vers la fin de l’année 1845 un membre du conseil municipal de Fécamp tenait le langage suivant :
“ Au nom des sacrifices qu’une ville doit s’imposer, dans l’intérêt de ses habitants, il en est un surtout qui domine tous les autres. Ce sacrifice consiste à voter des fonds pour répandre, parmi les classes ouvrières et les classes indigentes, les bienfaits de l’instruction par tous les moyens qui sont au pouvoir d’une vigilante et sage administration ». On ne pouvait, jusqu’à cette date donner le nom de bibliothèque à quelques centaines de volumes provenant, pour partie, de la bibliothèque de l’ancienne Abbaye ; le surplus était dû à la munificence du gouvernement, et déposé sans ordre dans l’une des salles de la mairie.”
Le conseil municipal, décida donc que, “chaque année une somme de 100 francs serait portée au budget pour l’achat de livres les plus propres à favoriser l’instruction des classes pauvres et laborieuses.”
Il chargea, en outre, l’administration de faire appel aux personnes généreuses qui voudraient bien doter la ville de quelques bons et utiles ouvrages. Cet appel fut entendu :
Le 2 janvier 1846 M. Sylvestre libraire à Paris, offrit à la ville, au nom d’un donateur anonyme, une bibliothèque importante. Le 8 janvier le conseil municipal apprend l’offre du don à la ville de Fécamp d’une bibliothèque composée d’environ 8.000 volumes et vote les remerciements au donateur anonyme. Le 1er février les 8.000 volumes arrivent renfermés dans 21 caisses énormes chargées sur 3 voitures. Ils sont placés provisoirement dans la grande salle de la mairie qui était encore située là ou passera plus tard le chemin de fer, entre le Cercle des écoles et la maison Sorel.
Source Gallica Bibliothèque numérique (B.N.F.) Annuaire des cinq départements normand année 1851