ÉCAMP-FESTIF -
Monument de la République - Place de la République - Paris - Sculpteur Léoplold MORICE      
Page créée le 22 décembre 2017
   
      Journal de Fécamp du 14 juillet 1933

 
Regards sur le passé : Le 14 juillet à Fécamp en 1790
 

      La Constitution de 89 ayant résolu de commémorer l’anniversaire de la prise de la Bastille, dès l’année suivante, la Municipalité de Fécamp de l’époque, désireuse de s’associer à cette décision, s’appliqua à faire de son mieux pour la célébration de cet événement, et ma foi, si l’on en juge par les détails qui suivent, il semble qu’elle s’en tira assez bien.

       Tout d’abord le 13 juillet, veille de cet anniversaire, une salve de trois coups de canon, auxquels vint se joindre une sonnerie générale des cloches des neuf églises fécampoises, annoncèrent cette fête aux habitants.
 

      Puis le lendemain ce fut de nouveau une salve d’artillerie, ainsi qu’une sonnerie de cloches, mais cette fois pour inviter les autorités à se rendre à la Maison Communale, où devait se former un cortège de personnes qui allait se rendre à l’Autel de la Patrie, dressé sur la place du Vieux-Marché, et où Dom Le Maire, grand prieur de l’Abbaye, allait célébrer la messe du Saint-Esprit.

      À dix heures, ce cortège, particulièrement nombreux, ajoutons-le, précédé de la garde Nationale avec sa musique et comprenant la Municipalité, les membres du Clergé, MM. De la Judicature, de la Marine et autres personnages ; certaines corporations de métiers avec leurs bannières au vent ; etc…, quittait l’Hôtel-de-Ville pour gagner la place du Vieux-Matché, transformé en une scène immense, au milieu de laquelle était dressé un portique majestueux de soixante pieds de hauteur et au bas duquel étaient dressés trois autels pour la célébration de la messe.

Devant celui de droite prirent place le Maire et les membres du Conseil Général de la Commune.

Devant celui de gauche, Messieurs les Officiers de l’Amirauté, de la Marine, les Fonctionnaires, etc…
Quant à celui du centre il fut réservé à Dom Le Maire et à son clergé.

      Sur chacune des marches conduisant à ces différents autels, se tenaient en grande tenue et formant la haie des soldats de la Garde Nationale. Enfin, au centre de la place, face à ce portique se groupèrent l’Etat-Major de la Place et le Corps d’artillerie.
 

      Cet endroit de la ville présentait alors à cet instant un aspect aussi imposant que pittoresque, car non seulement une foule considérable de citoyens et de citoyennes se pressait devant chacune des demeures bordant la place, mais il en était de même aux fenêtres de celles-ci, voir même sur les toits ! C’est au milieu d’un silence général que commença le service religieux célébré par Dom le Maire, grand prieur de l’Abbaye, lequel, auparavant avait adressé au peuple une allocution particulièrement applaudie, et à laquelle succéda le chant du Veni Creator.

Après la célébration de la messe dite à l’autel de droite par l’abbé Dalican, doyen et curé de Saint-Valery de Fécamp ; à celui du milieu par Dom le Maire, grand prieur, et à celui de gauche par l’aumônier de la Garde Nationale, Monsieur Massif, Officier municipal remplissant les fonctions de Maire en l’absence de monsieur Desportes, gravit à son tour les degrés de l’autel et prononçât une brillante allocution, interrompue à tout instant par les cris de Vive la Nation ! Vive la Loi ! Vive le Roi ! 
 

      Le chant du Te Deum, entonné par la foule, précéda la prestation de serment à la Fédération faite par les assistants et dont voici les termes :

Nous jurons sur l’autel de la Patrie d’être fidèles à la Nation et à la Loi ! et au roi ! de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution arrêtée par l’assemblée nationale, acceptée et sanctionnée par le Roi. ”

Prononcé tout d’abord par M. Massif, ce serment fut répété ensuite par les troupes, la Garde Nationale, le Clergé, tous les corps civils et militaires, alors que les troupes, rappelle un témoin, agitaient leurs armes, que les trompettes sonnaient et que les tambours battaient !

Désireux d’associer la classe indigente du peuple à la joie exprimée par chacun, une distribution de 3 600 livres de pain fut faite à tous venants. D’autre part, une table de 550 couverts, dressée sur la terrasse des R.R. P.P. Capucins[1] réunissait la Municipalité, et quantité de citoyens appartenant à toutes les classes de la Société, ce qui produisit un effet réconfortant dit un convive : quant aux restes provenant de ce banquet, ils furent distribués entre trois cents pauvres !
 

      Après avoir porté la santé de la Nation, au Roi et à l’Assemblée Nationale, chacun se porta place du Vieux-Marché, au bruit des musiques, des salves d’artillerie et d’une joie indicible, où des danses et des chants à la gloire de la liberté se prolongèrent jusqu’au lendemain à la faveur d’une illumination générale.  

 
                                                                                                                                                                                                                     RETOUR 
 

[1] Propriété Charles Le Borgne, rue Charles Le Borgne