FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE EN SALLE
Création 2016 - denières mises à jour 12.02. 2017 - 02.02.2018
 

      13 novembre 1910 La première est donnée, à la Salle du Val-aux-Clercs, avec les interprètes qui ont obtenu l’année précédente, le succès que l’on sait avec Fécamp trotte. Il s’agit d’un “Groupe d’Artiste amateurs Fécampois”, avec le gracieux concours d’artistes venus des Grands Concerts de Dieppe, et du Théâtre Français de Rouen. Déjà nommés dans la revue précédente ...
      ....Jouée un grand nombre de fois, cette revue restée, du moins par son titre dans la mémoire de tous les fécampois, prend pour thème de départ le passage brumeux de la comète de Halley.  
  

       Journal de Fécamp, 10 novembre 1910 :
 
Une Avant-première : AS-TU VU La COMÈTE ?…
 

     Reportons-nous, s’il vous plait, à quelques mois en arrière … Vous n’avez pas oublié les polémiques nombreuses qui s’engagèrent dans le monde savant autour de ces astres chevelus et encore mystérieux, dénommés comètes, vous vous rappelez notamment la petite mystification, digne d’un Lemice-Terrieux, dont la comète de Halley, de joyeuse mémoire nous redit victimes. Dans notre candeur naïve - tout comme Mignon - nous avions cru que l’astre fameux surgirait soudain dans le firmament sur un simple commandement des pauvres mortels et nous avions pensé qu’il apparaitrait à nos yeux éblouis et charmés, dans tout l’éclat de son noyau et de sa longue chevelure comme dans une apothéose de gloire. Hélas, trois fois hélas, il nous fallut déchanter ! La comète demeura presque invisible . . .  Ce fut un souffle, un rien et les savants voilèrent leur déception et leur honte sous des explications scientifiques, véritables énigmes pour les simples d’esprit. Mais les simples d’esprit eurent leur revanche, la blague populaire intervint et comme toujours, eut le dernier mot.

      Les astronomes devinrent l’objet de sarcasmes amers, la comète fut chansonnée, les revuistes apportèrent leur gaieté dans le débat et bientôt une nouvelle scie, née sur les boulevards ou ailleurs, fit tranquillement son petit tour de province. As-tu vu la comète ? . . .tel fut le cri de l’été dernier, tel sera aussi celui que nous entendrons cet hiver.

      Pourquoi, me demandez-vous, car ce long préambule ne nous apprend rien qui vaille ? Vous avez raison et tout à la joie de jeter un regard vers le passé, j’oubliais de satisfaire votre curiosité. Bientôt en effet. . .  Mais au fait, vous êtes aussi bien renseignés que moi puisque déjà des affiches vous ont apporté la bonne nouvelle, bientôt sera créée à Fécamp une nouvelle revue, As-tu vu la comète , . . Que sera-t-elle, ou sera-t-elle jouée, quels en seront les heureux interprètes ? Autant de questions que chacun se pose et naturellement les renseignés chuchotent déjà que la revue de 1910 obtiendra le succès de sa devancière, Fécamp-Trotte ! . . .

      En toute sincérité je partage leur avis. Je viens de parcourir les bonnes feuilles que l’auteur a bien voulu me confier de son œuvre et je ne vous cacherai pas que cette lecture m’a fait passer quelques moments d’une douce gaieté. Et si je ne craignais pas de manquer à ma promesse que j’ai faite d’être discret, je vous dirais . . . Après tout serai-je le premier qui manque à sa parole ? Non, n’est-ce pas. Alors, écoutez.

       Le rideau se lève sur une vue de la place Thiers. A la terrasse du Café des Colonnes des consommateurs s’entretiennent gaiement. Machinchouette a en effet le mot pour rire et sait passer agréablement le temps. Toutefois il s’impatiente. Il attend un de ses amis, Théodore Pitou, qui fait son service militaire aux chasseurs de Rouen et qui doit venir à Fécamp avec sa douce fiancée, une charmante Anglaise Miss Dassy. Comme vous le voyez c’est l’entente cordiale. Pitou et Miss Daissy arrivent. L’intrigue est nouée et Pitou va faire à sa future compagne les honneurs de sa ville natale. Successivement défilent Le Réverbère, La Régie, La source Goyer, Le château d’Eau, les Petites Bo-bonnes, le Vieux-Fécamp, Halley le papa de la Comète et le défilé s’achève sur un défilé des plus joyeux.

      Comment, au second tableau nous sommes transportés dans la chambre de Pitou, où nous assistons à l’arrivée d’Ali-Baba, le capitaine des aéroplanes de sa majesté Jupiter. Venu sur terre chercher un remède capable de guérir le Maître des Dieux ; comment Ali-Baba enlève miss Daissy, après avoir endormi Pitou à l’aide d’un narcotique ; pourquoi, au troisième tableau, nous revoyons défunte dame Période électorale, et comment au quatrième tableau, nous retrouvons tout notre monde, Carnaval compris naturellement dans l’Olympe, un monde où l’on ne . . .  S’ennuie pas ; il serait vraiment trop long de vous l’expliquer, et au surplus, je préfère vous laisse la surprise de la première représentation le 13 novembre prochain.

       Mais ce que je puis vous dire de suite, c’est l’esprit dont est émaillé le dialogue, un esprit nullement méchant, mais au contraire, finement railleur ; ce sont les couplets nombreux que renferme le livret et que viendra accompagner une musique alerte et joyeuse.

      As-tu vu la Comète ? . . . obtiendra dans la salle du Val-aux-Clercs, la vogue de Fécamp-trotte ! Vous le croirez d’autant plus facilement lorsque vous saurez qu’elle sera montée avec le soin que l’on connait par la Symphonie amicale et son actif président M. Louis Solsou, et qu’elle sera jouée par les excellents interprètes de l’an dernier : Mlle Lechevalier, la gracieuse commère ; Mlle Sylvia et Mme Larose, de Rouen ; MM. R. Lanctuit et S. Lair, etc . .

     Je pourrais aussi vous confier que les décors seront brossés par l’habile décorateur, M. Grugeon et que la Symphonie sera placée sous la direction de M. F. Moreau, qui a assumé la tâche d’orchestre la partition ; je pourrais vous confier également qu’il y aura des chœurs recrutés parmi d’excellentes et charmantes chanteuses ; mais assez causé, l’auteur finirait par me garder rancune d’avoir trahi si longuement ma promesse. .

      L’auteur ! . .  Je m’aperçois que j’ai oublié de dire son nom, mais ai-je besoin de vous le faire connaître ? Vous avez pu déjà l’apprécier et l’applaudir l’an dernier, et, au risque d’offenser sa modestie, je ne crains pas de prédire qu’il sera de nouveau acclamé cet hiver. M. Adrien Constantin, en effet, ne causera pas de déception comme le père Halley. As-tu la Comète ? . .  trottera gaiement vers le succès, et plus d’une fois, le soir, à travers nos rues endormies, vous entendrez fredonner ses couplets . . .  En dépit des règlements de police.

Ch. Duboc