FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE EN SALLE
Dernière mise à jour : 27 février 2017
 

Quatrième tableau

 

     Le rideau se lève sur la place Thiers dont M. Grugeon nous donne une fidèle reproduction, deux grands panneaux, à droite et à gauche, représentent les chars qui ont eu leurs heures de succès. De nombreux personnages sont en scène.

     Voici le comité des Fêtes (M. Maurice Braquehaie) en habit noir ! L’indicateur le parisien, les gracieuses reines (Mlles Lucienne Panel, Geneviève Levillain, Marthe Lehmann et Marguerite Maréchal, dont la couronne et le manteau royal, portés avec grâce, rappellent les joies et richesses d’un pouvoir éphémère. La fête des fleurs en la personne de Mlle Renée Grenier, si charmante de jeunesse. Des fleurs font la plus belle parure à sa toilette ravissante. Fécampoises et promeneuses sont venues, désireuses de tout voir.
 

     M. Braquehaie et les chœurs chantent d’agréables choses à l’adresse des fleurs et des jolies femmes.

Le comité des fêtes exprime sa satisfaction et félicite les reines. Celles-ci répondent avec esprit - une femme en a toujours - et l’on propose une farandole.
 

     Après une brouille passagère - rien de grave - entre le parisien et l’indicateur, tout le monde tombe d’accord pour reconnaitre que la fête des fleurs, c’est la fête des femmes. L’indicateur est très entouré. Les reines tiennent à lui témoigner de toutes leurs sympathies, et le comité le prie de nous conter les petits potins de Fécamp. Le moment est venu d’entendre les « couplets fécampois », écrits sans méchanceté, avec le seul désir de faire rire. M. Séverin Lair les chante pour le plus grand plaisir de la salle amusée.
 

     La parisienne demande au comité de lui présenter la Fête des Fleurs. Celle-ci s’avance aux bras du parisien. L’épouse légitime voudrait bien s’indigner. Son mari n’est pas venu pour s’occuper des fécampoises, mais sa protestation n’a pas de chance d’être entendu. N’a-t-elle pas fait un long tour de ville avec l’indicateur.
 

     Le comité demande à la Fête des Fleurs d’appeler les héroïnes de cette journée. Mlle René Grenier ne demande pas mieux, et nous avons l’occasion de l’entendre avec un nouveau plaisir.

 

Air : Troublante volupté

 

Voici la rose des jardins,
De nos fleurs, c’est la reine !
Auprès d’elle le doux jasmin
Que le printemps ramène,
La violette et doux œillet
Dont le parfum nous grise !
La marguerite et le muguet,
Dans leur blancheur exquise !
O fleurs divines, charmants bijoux,

Vous nous troublez par vos parfums si doux

Exquise ivresse,

Enchanteresse !

 

     La charmante revue prend fin dans un charmant tableau d’apothéose. Les guirlandes de fleurs tombent des frises. Des mains de femmes supportent avec aisance des corbeilles fleuries. La fée électricité jette une note vive dans ce décor exquis.
C’est le couplet final que M. Braquehaie et l’excellente troupe donnent avec feu pendant que le rideau tombe et Que les applaudissements crépitent de tous côtés.

Les artistes obtiennent l’honneur du bis. Le chœur est repris avec beaucoup d’ensemble cependant que l’heureux auteur, M. Adrien Constantin, est longuement acclamé.

Sur les instances réitérées d’une salle enchantée, notre sympathique concitoyen se présente à l’orchestre, salue et le public s’écoule en fredonnant certains airs qu’il vient d’entendre.

 
 L'INTERPRÉTATION

 

      Nous ne surprendrons personne en disant que l’interprétation fut excellente. La grippe, elle-même qui semblait préparer un mauvais coup, a dû céder le terrain à la Symphonie, qui est sortie victorieuse de cette nouvelle épreuve.
 

     Mme Clébant s’est montrée éblouissante de verve. Diseuse impeccable, elle a incarné deux personnages, Milady et la parisienne avec un rare bonheur. Très applaudie au premier acte, dans l’air de la « Mascotte », elle a été excellente dans le duo de Milady et de l’amateur de cinéma. Les couplets des courses et la sérénade aux fécampois lui ont valu également un légitime succès.
 

     Ici, à Fécamp, les sociétés locales connaissent le joli talent de Mlle Renée Grenier. Nous l’avons retrouvée dimanche, en possession de tous ses moyens. “ L’Heure qui passe ” “ Heure charmeuse ”, nous a ravis. Très brillante en kermesse, elle a fait longuement applaudir la fête des Reines, dont elle a été une heureuse étoile.
 

     Des félicitations bien méritées à Mlle Lucienne Panel qui a su tirer un excellent parti des différents rôles qui lui avaient été confiés. Très agréable en “ Société des Régates ”, elle nous a paru particulièrement ravissante sous le manteau royal. Bonne diction, aisance en scène, mémoire sûre, autant de qualités précieuses pour la symphonie.
 

     Dactylo sentimentale, Mlle Suzanne Grugeon possède un joli talent qui, bien dirigé, ne manquera pas de produire d’heureux résultats. Il semble que la petite “ Boule de Casino ”  soit faite pour dire des choses très jolies que les sociétés ne manqueront pas de lui trouver dans les pages délicieuses des bons auteurs.
 

     N’ayons garde d’oublier Mlles Geneviève Levillain, Marthe Lehmann, Marguerite Maréchal, France Allain, Alice Hermel, Alice Baray, Louise Maréchal, Yvonne X . . ., ainsi que les accortes paysannes ou normandes que nous avons rencontrées à la kermesse de Grainval.
 

     Nouveau succès pour M. Braquehaie qui sait se mettre à la hauteur de toutes les situations. Au premier acte, en marchande de poisson protestataire, il a communiqué le fou rire à la salle qui ne lui a pas ménagé les applaudissements. L’habit était de rigueur au 3e acte, mais le jeune président du Comité des Fêtes que nous avons eu l’occasion d’applaudir dans la revue, le porte avec aisance. Excellent chanteur, M. Braquehaie a en outre, la manière de lancer le couplet pour le faire applaudir.
 

     Qu’il soit “ Amateur de cinéma ” ou “ Indicateur de Fécamp ”, M. Séverin Lair demeure un joyeux comique. Dans ses multiples transformations, notre concitoyen apporte une bonne humeur constante dont la partie bouffe profite largement.
 

      Sous la cape du faux élégant ou le feutre du pseudo-mousquetaire, il cache une fantaisie et un jeu qui sont toujours certains d’amuser. En écolier - et c’était nouveau - M. Séverin Lair a mis la salle en joie.
 

      M. Georges Hauchecorne, très bon dans son rôle de poissonnier, très drôle dans le personnage bouffe du garde champêtre, costumé en toréador, est lui aussi, un excellent chanteur. Doué d’un organe puissant, généreux, c’est encore un comédien habile. Il a composé la “ Sécheresse ”, avec un visible souci de copier son modèle.
 

      Fringant mousquetaire, en rupture d’écran, M. Maurice Delassise a montré une douce philosophie sous la vareuse du mathurin.
 

      Le parisien en voyage à Fécamp ne manquait pas de naturel. Encore une bonne recrue pour la vaillante phalange.

     Le fabricant de film Pathé a trouvé en M. Maurice Renault, l’étoffe du personnage. Notre concitoyen qui tient très bien la scène, a contribué doublement au succès de la revue et comme grimeur et comme acteur ? Qu’il soit deux fois félicité.

 

      M. Jean Lebon, bien que jeune encore, n’est plus un novice. Lui aussi s’arrange très bien des rôles les plus différents. Très réussi en vieux monsieur, il sera un pompier amusant et bon enfant.
 

     Les paysanneries sont tout à fait du ressort de M. René Prudhomme le paysan d’Epreville a la malice et les sous-entendus du Cauchois. Ce sera aussi un très agréable jockey, auquel on peut prédire de nouveaux succès.
 

     Sévère sous sa longue redingote noire M. Marcel Bodini nous a donné l’impression d’un régisseur au courant du métier, dont on peut également beaucoup attendre.
 

     Des compliments à M. Joseph Rose, un vaillant agent doublé d’un excellent danseur.
 

     Nous ne voulons pas terminer ce compte rendu sans féliciter la Symphonie Amicale, son président, son directeur, les membres du bureau, l’orchestre qui avait sa bonne part dans les applaudissements, si largement prodigués, si bien mérités, au soir de la première.
 

     Tout le monde a payé de sa personne. Les rôles les plus modestes n’étaient pas les moins nécessaires, à preuve celui tenu par M. Georges Noël, qui avait bénévolement accepté les ingrates fonctions de souffleur.

R. Bellencontre