FÉCAMP-FESTIF - La FÊTE DANS LA RUE

Dernière mise à jour 16 février 2017
 
     

     Journal de Rouen - 31 mai 1909
 

      La Société commerciale des fêtes de Fécamp ne doit pas regretter la peine qu’elle s’est donnée depuis plusieurs mois pour préparer le grand concours national de musique. La première journée fut en effet un succès complet. Dès la veille, une foule considérable arrivait à Fécamp et bientôt il ne restait plus une chambre disponible dans les hôtels. Hier la foule n’a cessé d’affluer à chaque train et il n’est pas exagéré de dire que l’on pouvait à peine avancer dans les principales rues de la ville.

La physionomie de la ville

 

     Les fécampois avaient d’ailleurs bien fait les choses et n’avaient rien épargné pour flatter l’œil des visiteurs.
      Dès la sortie de la gare, il fallait passer sous toute une série d’arcs de triomphe ornés de fleurs les plus variées et de quantité d’ampoules électriques et de lanternes vénitiennes qui présageaient des illuminations féériques. Partout les mêmes décorations se représentent il nous est impossible matériellement de les détailler toutes. Nous nous contentons donc de mentionner celles qui frappaient le plus.

   Rue Jacques-Huet, c’est un enchevêtrement de drapeaux, d’oriflammes, de verdure, de fleurs du plus bel effet. Les rues Alexandre-Legros, Charles-le-Borgne, rue des Forts et plusieurs autres sont traversées dans leur largeur et à des distances très rapprochées de banderoles gigantesques qui annoncent les noms des sociétés concurrentes et leur souhaitent la bienvenue. Ici, un arc de triomphe s’illustre d’une lyre rutilante et enrubannée. Là des guirlandes de fleurs déploient leur grâce tout en dissimulant nombre d’ampoules électriques qui le soir illuminera gaiement la ville. Près de la Bénédictine, à l’angle de la rue du domaine, il nous faut signaler un portique style Renaissance qui, lui aussi souhaite la bienvenue aux musiciens. D’ailleurs toute la vaste façade de la Bénédictine a reçu une décoration du meilleur goût, ou les sapins verts se marient agréablement aux drapeaux et oriflammes multicolores, mais ou nos couleurs nationales dominent.

    Puisque nous parlons de la Bénédictine, mentionnons l’organisation très pratique imaginée pour canaliser le flot des visiteurs qui ont tenu à aller admirer le magnifique établissement de M. Le Grand. À l’entrée du cloitre, où se tiennent habituellement les guides, un contrôle a été installé qui ne laisse passer les personnes que par petits groupes. En outre, de grandes pancartes avaient été disposées pour indiquer l’entrée et la sortie. Sans ces précautions, il eut été absolument d’éviter des incidents dans une affluence aussi considérable.

     Sur les quais, une quantité de petits mats semblent ployer sous la multitude de drapeaux. A l’entrée de la digue se dresse un arc de triomphe dont la charpente, on peut le dire constitue un pur chef d’œuvre. Enfin à l’autre extrémité de la digue s’élève un ingénieux groupement d’engins de sauvetage et d’agrès maritimes, qui est la contribution fort originale de la population maritime à cette fête brillante.

     Rues des Forts, de Rouen et Arquaise, décoration également remarquable. Un arc de triomphe de style normand ouvre le chemin sur la campagne, et dans le lointain, à l’entrée de la rue du Fossé-au-Roi, on aperçoit la gracieuse silhouette d’un autre arc de triomphe qui disparait sous les feuillages et les fleurs. Voilà pour l’ensemble des rues. Nous ne pouvons nous arrêter aux maisons particulières que les habitants ont tenu à décorer et à mettre en harmonie avec la décoration générale. Signalons la demeure de M. Fournot fils et celle de M. Mail, horticulteur, dont la façade était ornée d’une véritable profusion de fleurs de toutes sortes.

     Inutile de dire que MM. Les membres de le Société commerciale des fêtes avaient de même fort délicatement décoré leurs habitations. Au vrai, il y avait eu partout une émulation de bon goût et d’élégance. On peut donc dire, pour résumer, que toute la population fécampoise avait répondu à l’appel de MM. Jouette, Léon Mail, A. Millet, F. Selle, H. Pannevel, E. Maillard et Capon.

     Le Défilé :

     La fête avait commencé la veille par une retraite aux flambeaux, que l’on avait scindée en deux sections, afin de favoriser toutes les parties de la ville. L’intention était bonne, si l’ampleur du défilé y a perdu.

      Hier matin, à six heures, la ville de Fécamp était réveillée au son des fanfares et, à huit heures, les membres du jury étaient reçus à l’Hôtel-de-Ville.
Cette réception a été suivie du défilé qui a été un spectacle vraiment grandiose : un premier groupe avait son point de départ rue de Rouen et devait être rejoint place des Halettes par un second groupe, qui partait de la rue Queue-de-Renard.
     De loin, l’aspect était fort joli, avec les bannières étincelantes de l’or de leurs franges et de leurs décorations. Chaque société fut, à son passage, l’objet de sympathiques démonstrations, mais surtout l’Harmonie des Enfants de Saint-Nicolas de Paris (150 exécutants) dirigée par les Frères et vers qui alla le principal succès de la journée.

 

       Soixante-Neuf sociétés, sur les soixante-dix-neuf qui étaient annoncées, prirent part a ce défilé, savoir :

      La fanfare municipale de Fécamp – qui naturellement, était hors concours - ; Union musicale de Livry-Gargan ; fanfare municipale de St-Cyr-du-Vaudreuil ; Lyre de Belleville ; fanfare de la verrerie de Courcy ; fanfare du Châtelet-en-Brie ; la Cécilienne d’Abscon ; fanfare des tonneliers et ouvriers des caves de Reims ; fanfare municipale de Fay-aux-loges ; la Lyre orphéonique de Malaunay ; harmonie municipale de Clichy ; les Enfants d’Yport ; l’argenteuillaise d’Argenteuil dont tout le monde remarque le magnifique costume, Fanfare libre de Sucy-en-Brie, les Fils d’Orphée, de Puteaux, l’Union de Monville, fanfare du Houlme, Etendard Dammartinois ; fanfare de Gonneville-la-Mallet, Orphéon d’Essars-lez-Béthune, fanfare municipale de Genevilliers, fanfare de Chevry-Cossigny, Estafette de Torvilliers, fraternelle de Dannemarie, fanfare municipale d’Auffay, fanfare des mineurs de Thiers-Bernay-sur-Escaut, fanfare de Neuilly-sur-Marne, musique municipale d’Yvetot, les Amis réunis des Aspres, Société chorale de Sanvic, fanfare municipale de Fauville, Société musicale de Gonesse.
 

      Harmonie de la Bénédictine, - qui, comme les Enfants de Fécamp ne concourait pas - Société musicale de Colombe-la-fosse ; Cigale de Paris ; fanfare de l’Ecole normale de Caen ; Avenir de Villecresnes ; Renaissance de Doudeville ; orphéon de Sèvres ; Union musicale de Saint-Romain-de-Colbosc ; Lyre amicale de Poissy ; Lyre Sainvillaise ; Harmonie municipale de Saunois ; espérance de la Chapelle-Rablais ; Groupe amical des trompettes du Havre ; Union musicale d’Epinay-sur-Seine ; Les Enfants de Wilhem de Dieppe ; fanfare municipale de Charmont ; Saint-Grienne du Havre ; fanfare de Fixin ; Avenir de Reims ; Fraternelle d’Ozoir-la-Ferrière ; Escremont d’Escrennes ; Union chorale de Versailles ; fanfare d’Illiers ; les enfants de Saint-Nicolas qui avaient l’air très crane avec leur plumet tricolore ; Fanfare municipale de Bacqueville ; Athénée musicale de Déville-lès-Rouen ; Fanfare municipale de Veules-les-Roses ; Guêpe d’Orléans ; Orphéon de Barbizon ; Fanfare de Criquetot l’Esneval ; le Réveil de Saint-Brice-Courcelles, Musique municipale de Sézanne ; fanfare libre d’Ouzouer-sur-Trézée.
 

      Toutes les sociétés jouèrent leurs meilleurs morceaux pendant le défilé qui se déroula correctement à travers toute la ville.